Les citoyens européens élisent leurs députés dimanche 25 mai, écrit mardi le quotidien Kommersant.
Les eurosceptiques, qui représentent les mouvements d'extrême-droite, devraient enregistrer de bons résultats. Comme leurs leaders ont exprimé à plusieurs reprises leur soutien à la Russie, certains experts occidentaux pronostiquent que Moscou aurait intérêt à ce que l'extrême-droite triomphe en Europe. L'ambassadeur de Russie à l'UE Vladimir Tchijov affirme que toute accusation d'engagement politique de la Russie est infondée.
Les députés d'extrême-droite – des régionalistes de la Ligue du Nord italienne aux ultranationalistes hongrois de Jobbik – occupent actuellement 50 des 766 sièges du Parlement européen, sachant que les moins radicaux d'entre eux ont même formé une fraction à part – Europe libertés démocratie (ELD). Cependant, les électeurs sont aujourd'hui bien plus nombreux à vouloir voter pour l'extrême-droite que pour les législatives de 2009: cette frange du spectre politique est créditée de 25% des intentionts de vote dans certains pays. "Partout sur le Vieux Continent, on assiste au même scénario: les partis antieuropéens nationalistes ou xénophobes charment des électeurs écœurés par une Europe qu'ils estiment incapable de les protéger", constate le journal français Le Monde.
Certains experts occidentaux en concluent qu'en cas de succès des eurosceptiques la nouvelle composition du Parlement européen pourrait adopter des positions plus conciliantes envers la Russie. Qui plus est, l'extrême-droite pourrait bénéficier du soutien de l'extrême-gauche qui sympathise traditionnellement avec Moscou.
Les leaders des partis d'extrême-droite ont exprimé à plusieurs reprises leur soutien à la politique de Moscou en général, et en Ukraine en particulier. Aymeric Chauprade, tête de liste du Front national en Île-de-France, estime que Vladimir Poutine a permis de redresser la position économique et géopolitique de la Russie et que cette dernière est très respectée dans le monde. Certains députés européens d'extrême-droite étaient observateurs du référendum en Crimée le 16 mars dernier.
Toutefois, Moscou nie vouloir miser sur l'extrême-droite au Parlement européen.
"Nous dialoguons avec toutes les forces politiques. Toute accusation d'engagement politique de la Russie est infondée et profite uniquement à ceux qui ne souhaitent pas le développement de la coopération entre la Russie et l'UE, pense Vladimir Tchijov. Selon lui, dans le cadre du mécanisme de coopération interparlementaire, le dialogue entre diverses fractions de la Douma (chambre basse du parlement russe) et les groupes du Parlement européen se déroule aussi bien sur la ligne politique que dans le cadre de commissions sectorielles.
D'autant que les chances de l'extrême-droite de former une fraction au Parlement européen sont minces: les partis qui défendent les intérêts nationaux ou régionaux ont du mal à s'entendre entre eux. Leur groupe politique, s'il se formait (une union d'au moins 25 députés de 7 pays de l'UE), serait probablement instable.
De plus, l'euroscepticisme demeure la force motrice des sympathies des partis d'extrême-droite pour la Russie – l'approbation de la critique de Moscou à l'égard de l'UE et des USA et la protection des valeurs conservatrices par la Russie. Le porte-parole du Parti national britannique (BNP) Simon Darby conclut: "Nous voulons être amis avec Moscou, mais nous ne sommes pas un parti prorusse".
