Maïdan: quelle leçon pour Moscou?

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Les troubles ne sont pas encore terminés en Ukraine mais on se demande déjà où ils pourraient encore éclater dans l'espace postsoviétique, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. La Russie est-elle prête à des intempéries de ce genre sur le territoire de ses voisins, dans une zone qu'elle considère comme celle de ses intérêts géopolitiques et de responsabilité?

Les troubles ne sont pas encore terminés en Ukraine mais on se demande déjà où ils pourraient encore éclater dans l'espace postsoviétique, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. La Russie est-elle prête à des intempéries de ce genre sur le territoire de ses voisins, dans une zone qu'elle considère comme celle de ses intérêts géopolitiques et de responsabilité?

Maïdan a mis en évidence que Moscou n'était pas préparée aux changements en Ukraine. Viktor Ianoukovitch était indéniablement un président légitime mais il a été incapable d'affirmer cette légitimité au quotidien. Elle s’est progressivement dégradée avant que le Maïdan la supprime complètement. Même la partie de l'Ukraine opposée au Maïdan s'est retournée contre Ianoukovitch, ce qui était très inattendu pour Moscou. Les nouveaux leaders ukrainiens venus sur l'avant-scène ne lui sont pas familiers. Désormais, chaque tentative de changer le scénario, toute appréciation de la situation allant à l'encontre de celle de l'Occident ou du Maïdan sera considérée pour ces leaders et les Occidentaux comme une tentative d'ingérence de la Russie dans les affaires internes de l'Ukraine.

Les républiques de l'ex-URSS peuvent être réparties en trois groupes, en fonction du niveau de stabilité des régimes. Les facteurs déterminant ce niveau de stabilité sont divers, peuvent ne rien à voir entre eux et avoir un niveau de dépendance différent des acteurs extérieurs, représentés en généralisant par l'Occident – les Etats-Unis et l'Union européenne.

Dans le premier groupe de pays avec une réserve de stabilité se trouvent le Kazakhstan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan. La stabilité des autorités s'explique par la force de l'appareil d'Etat, la faiblesse de l'opposition (Kazakhstan) ou son absence (au Turkménistan et en Ouzbékistan l'opposition a été expulsée à l'étranger). Les leaders des pays d'Asie centrale trouvent un terrain d'entente avec l'Occident qui, lorsque cela l'arrange, est prêt à fermer les yeux sur les "hauts standards démocratiques". Dans un cas, c'est l'intérêt pour les hydrocarbures qui prévaut, dans un autre un régime de faveur pour les investissements, ou encore la compréhension des lourdes conséquences que pourraient entraîner des Maïdans locaux. Mais aucun pays n'est protégé contre une révolution de palais.

Deuxième groupe de pays relativement stables : l'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Biélorussie et le Tadjikistan. Ils sont caractérisés par la présence d'une opposition active soutenue de l'extérieur et des relations plutôt tendues avec les centres politiques occidentaux. L'Occident a ses propres comptes avec chacun de ces pays : on exige une plus grande détermination (en vérité de la docilité) du Tadjikistan sur pratiquement toutes les questions. L'Azerbaïdjan est suspect dans sa tendance accrue vers l'autonomie. L'Arménie déçoit par son attachement excessif à la Russie. En Biélorussie règne la dictature.

Le troisième groupe de pays, plutôt instables, comprend la Moldavie, la Géorgie et le Kirghizstan. En Moldavie, où l'on constate déjà une agitation, le vecteur prorusse de la population se renforcera à l'approche de la signature d'un accord d'association avec l'UE.

En Géorgie les anciennes autorités ne cachent pas leurs plans de revanche et l'ex-président Mikhaïl Saakachvili a déclaré à Kiev que pendant que l'Ukraine prenait exemple sur les réformes de la Géorgie, la Géorgie devrait prendre exemple sur l'Ukraine en termes de renversement d'un gouvernement antipopulaire. Des complications pourraient se produire prochainement dans ce pays de Transcaucasie, dans un mois lors des élections municipales. En ce qui concerne le Kirghizstan, il est habitué au fait qu'une explosion peut s'y produire n'importe quand pour n'importe quelle raison.

Bien sûr, les événements en Ukraine ne sont pas passés inaperçus dans les pays énumérés. Les dirigeants de certains de ces territoires sont prêts à tenter de négocier avec Moscou des privilèges, des subventions pour contribuer à leur propre stabilité – de l'argent pour résumer - en profitant de la situation et en rappelant leur vecteur prorusse. Chacun de ces cas doit être examiné si la Russie se considère comme une superpuissance directement responsable de la situation d’1/6 de la planète. Mais elle devra obligatoirement tenir compte du "cas Ianoukovitch", qui est devenu en quelques jours indésirable pour l'ensemble de la population ukrainienne.

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