Allemagne: la population et le gouvernement divisés sur la Russie

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Une nouvelle vague de froid s'est abattue sur les relations russo-allemandes, écrit lundi 24 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Une nouvelle vague de froid s'est abattue sur les relations russo-allemandes, écrit lundi 24 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

A l'initiative de la chancelière Angela Merkel, le forum des sociétés civiles russo-allemand ou Dialogue de Saint-Pétersbourg, prévu pour la dernière semaine de novembre, a été annulé. L'information a été rapportée par son coprésident, l'Allemand Lothar de Maizière.

Il explique au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung que ce forum connaît une situation difficile: "Le département de la chancelière fédérale a demandé mercredi l'annulation du forum prévu la semaine prochaine à cause du climat politique. J'ai dû satisfaire cette requête".

On ignore encore ce qu'il va advenir de cette institution de dialogue entre les sociétés civiles de Russie et d'Allemagne. Selon les commentateurs allemands, cette annulation ne signifie pas que le gouvernement veut supprimer définitivement ce forum mais qu'il compte le reformater à sa guise, profitant d'un moment de tension avec Moscou.

Berlin présente cette décision comme une "réforme du Dialogue de Saint-Pétersbourg", dont les objectifs ont été exposés dans un document rédigé par un groupe de députés du Bundestag.

Le plan actuel prévoit d'affaiblir côté allemand l'attitude amicale envers la Russie, la volonté de comprendre objectivement sa politique et ses intentions.

Lothar de Maizière est également devenu "indésirable", qui s'oppose aux sanctions parce qu'elles affaiblissent la Russie et que "l'intérêt de l'Allemagne est dans une Russie stable". Selon lui, les sanctions répondent aux intérêts américains, pas européens. Le dernier premier ministre de l'Allemagne de l'Est, qui avait lancé la carrière d'Angela Merkel en la recommandant au chancelier Helmut Kohl au poste ministériel, explique que l'intention de la chancelière d'accroître la spirale de sanctions n'atteindra pas son objectif: "Le peuple russe est du côté de Poutine".

De toute évidence, Merkel est surtout préoccupée par le scepticisme croissant des Allemands vis-à-vis des dispositions antirusses. Des journalistes réputés constatent que son discours accusant Moscou de bafouer le droit international, d'avoir annexé la Crimée et du danger de dégénération de ses actions en "grand incendie" n'est pas populaire en Allemagne. A l'inverse, l'interview de Poutine accordée à la chaîne ARD, regardée par plus de 5,6 millions d'Allemands, a suscité un intérêt incroyable. Ni les ministres, ni les juristes ni les médias mobilisés n'ont réussi à opposer quoi que ce soit de convaincant aux faits et aux jugements du président russe. En dépit du conflit qui perdure, écrit Der Spiegel, "la majorité des Allemands rejette le durcissement des sanctions contre Moscou", sachant qu'un quart (27%) prône leur annulation.

Berlin semble donc se diriger vers une impasse.

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