Presse russe: au-delà des gros titres

© RIA Novosti . Ruslan Krivobok  / Accéder à la base multimédiaLes titres du 28 février 2012
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Des invraisemblances dans la thèse de l’attentat contre Poutine// Israël fournit des armes aux voisins de Téhéran // La fièvre monte en Afghanistan après l'autodafé des Corans

RBC Daily
Des invraisemblances dans la thèse de l’attentat contre Poutine

La dernière semaine préélectorale a commencé par un reportage de Pervy Kanal ("première chaîne", principale chaîne de télévision nationale de Russie) sur l’arrestation d’un groupe de terroristes à Odessa, en Ukraine, qui préparaient un attentat contre Vladimir Poutine. Le service de presse de la première chaîne russe a qualifié les suppositions selon lesquelles il pourrait s'agir d'une action de propagande au profit de Poutine de "délirantes." Toutefois, les experts ont relevé des contradictions dans les informations des services de renseignement, écrit mardi 28 février le quotidien RBC Daily.

En janvier, une explosion s’est produite dans un immeuble à Odessa. L’un des occupants de l’appartement (Rouslan Madaïev) a été tué sur le coup, et le second (Ilia Pianzine) a reçu des brûlures. Selon la version initiale de l’enquête il s'agissait d'une explosion de gaz, mais des fragments de bombe ont été retrouvés. Rapidement, les forces d’élite ukrainiennes ont appréhendé le troisième membre du groupe (Adam Osmaïev). Le reportage de Pervy Kanal a diffusé les dépositions d’Ilia Pianzine et d’Adam Osmaïev qui avouaient qu’ils voulaient assassiner Vladimir Poutine et attaquer par ailleurs certaines "cibles économiques."

Le reporter Orkhan Jemal a déclaré qu’on ne pouvait pas écarter la version de la préparation d’un attentat contre Vladimir Poutine. Il est évident que le leader de l’Emirat du Caucase, Dokou Oumarov, souhaite la mort du premier ministre russe. Mais M. Jemal constate également de nombreux éléments douteux. Un groupe subversif ayant pour but d’assassiner le dirigeant russe ne pouvait certainement pas le programmer parmi d’autres objectifs, car cette mission est trop sérieuse. Selon lui, il pourrait s’agir d’un groupe criminel indirectement lié à l’Emirat du Caucase avec lequel, entre autres, les représentants des séparatistes examinaient la possibilité d’assassiner Poutine, et c’est bien ce qu’ils auraient avoué.

Selon Andreï Soldatov, rédacteur du site Agentura.ru, il est évident que les personnes appréhendées étaient impliquées dans une activité terroriste. "En visionnant le reportage on a l’impression que les interpelées cherchent à dire aux interlocuteurs des services de renseignement ce que ces derniers veulent entendre. Ils cherchent à deviner ce qu’on veut d’eux. C’est probablement la raison pour laquelle sont mentionnées des techniques qui s'excluent mutuellement: un attentat-suicide, d’une part, et une mine magnétique, de l’autre", déclare Andreï Soldatov.

Le portail des séparatistes islamistes Kavkazcenter ne confirme pas l’implication des appréhendés dans les structures de l’Emirat du Caucase et qualifie l’histoire de la tentative d’assassinat de sujette à caution. Le quotidien Oukraïnskaïa Pravda (Vérité ukrainienne) écrit que la police a trouvé chez les terroristes présumés à Odessa une carte sur laquelle étaient marqués un théâtre, un centre commercial et le Palais de Sports locaux. Ils auraient pu préparer un attentat pour venger la mort du tueur à gages Aslan Dikaïev, tué par les forces de l’ordre en automne 2011 à Odessa, qui serait également lié à l’Emirat du Caucase.

Adam Osmaïev fait partie de la liste de l’Union de solidarité avec les prisonniers politiques en tant que personne illégalement poursuivie par la police russe. Sergueï Davidis, fondateur de l’Union, a déclaré qu’on n’avait plus eu de nouvelles d’Osmaïev depuis quelques années. Il était recherché pour la tentative d’assassinat contre Ramzan Kadyrov (président de la République de Tchétchénie) à Moscou en 2007, et les organisations des droits de l’homme ont beaucoup de questions à poser au sujet de cette affaire.
 
Nezavissimaïa gazeta
Israël fournit des armes aux voisins de Téhéran

L’Azerbaïdjan prévoit l’achat à Israël d’une quantité importante de drones de reconnaissance, ainsi que des systèmes de défense antimissile et antiaérienne. L’annonce de cette transaction a coïncidé avec l’aggravation de la crise autour de l’Iran, soupçonné par Israël, les Etats-Unis et leurs alliés de développer l'arme nucléaire. Ce communiqué a engendré des rumeurs d’éventuelle adhésion de l’Azerbaïdjan au front anti-iranien, écrit mardi 28 février le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Ce contrat s’élève à 1,6 milliard de dollars. L’entreprise Israel Aerospace Industries est le principal fournisseur. D’après les communiqués antérieurs parus dans la presse israélienne, il pourrait s’agir de 60 drones de deux types différents, dont une partie pourrait être transformée par la suite en drones d’attaque.

En ce qui concerne les systèmes de défense antiaérienne et antimissile, leur type n’est pas précisé.

Israël nie fermement l’existence d’un lien entre la nouvelle escalade de la tension dans le Golfe et les ventes d’armes à l'Azerbaïdjan. Les experts israéliens soulignent que les transactions de ce genre exigent des mois, voire des années de préparation, et qu’il est impossible de les planifier de façon à les faire coïncider avec un événement concret. Cependant, les observateurs font remarquer que la coopération militaro-technique entre Israël et Azerbaïdjan n’a cessé de croître ces dernières années, même en dépit de la détérioration des relations israélo-turques.

Il est possible que les services de renseignement des deux pays coopèrent également. La frontière commune entre l’Azerbaïdjan et l’Iran s’étend sur près de 600 km. Par ailleurs, une importante communauté azerbaïdjanaise vit en Iran. Début février, le ministère iranien des Affaires étrangères a accusé Bakou d’autoriser le Mossad à utiliser son territoire pour envoyer des terroristes qui commettent des attentats contre les scientifiques nucléaires iraniens. Les autorités azerbaïdjanaises ont qualifié ces accusations de mensongères.

En 2008, le gouvernement azerbaïdjanais a annoncé qu’il avait réussi à déjouer un attentat contre l’ambassade israélienne à Bakou. Des communiqués sur la préparation d'attaques contre des établissements israéliens en Azerbaïdjan ont été également diffusés l’année dernière.

L’annonce de la transaction a engendré une vague de spéculations sur la possibilité pour l’Azerbaïdjan d'adhérer au front anti-iranien mis en place par les Etats-Unis et leurs alliés afin de lutter contre les ambitions régionales et nucléaires de l’Iran. Rappelons que les 20-21 février les spécialistes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) se sont rendus en Iran et ont déclaré à leur retour que Téhéran redoublait d’efforts pour enrichir l’uranium. Ils ont également fait part de leurs préoccupations concernant l’existence éventuelle d’un programme nucléaire militaire en Iran.

A son tour, Israël a averti à plusieurs reprises qu’il empêcherait la fabrication en Iran d’une arme nucléaire, même si pour cela il devait bombarder les sites nucléaires du pays. L’armée de l’air israélienne a même réalisé des exercices pour travailler les scénarios de raids aériens à longue portée.
 
Kommersant
La fièvre monte en Afghanistan après l'autodafé des Corans

L’appel des dirigeants talibans à commencer une guerre contre le contingent des Etats-Unis et de l’Otan, lancé après l’autodafé des Corans et de livres musulmans sur la base aérienne américaine de Bagram, a été suivi d'attentats contre les forces de la coalition internationale dans diverses régions du pays, écrit mardi 28 février le quotidien Kommersant. Hier matin, un kamikaze au volant d’une voiture piégée a essayé de pénétrer sur le territoire de l’aéroport de Jalalabad, utilisé aussi bien à des fins civiles que militaires par l’aviation de l’Otan. Lorsque le véhicule a été arrêté par la sécurité devant l’entrée de l’aéroport, le terroriste a fait sauter la voiture, l'explosion faisant 10 morts et 12 blessés. Par chance, aucun militaire de la Force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF) n’a été touché.

Le meurtre de sang-froid de deux conseillers militaires américains samedi dernier au centre de Kaboul, dans le bâtiment du ministère afghan de l’Intérieur, est l’événement le plus retentissant de ces derniers jours, qui a forcé plusieurs pays occidentaux à rappeler d’urgence leurs ressortissants. Les deux victimes sont des officiers américains de l’Otan, un colonel et un commandant, dont les noms n’ont pas été divulgués. La presse occidentale, en se référant aux sources du gouvernement afghan, rapporte que les conseillers militaires américains ont été tués par un officier de police afghan, car ces derniers auraient tenu des propos désobligeants en parlant du Coran. Suite à cet assassinant, les forces de sécurité afghanes recherchent Abdul Saboor, policier âgé de 25 ans. Par ailleurs, les talibans ont déjà revendiqué le meurtre des Américains.

L’escalade de la violence a contraint les ministres afghans de la Défense et de l’Intérieur à annuler leur visite à Washington cette semaine, où ils devaient s’entretenir avec le secrétaire à la Défense Leon Panetta. Et l’ambassadeur des Etats-Unis à Kaboul Ryan Crocker a reconnu dans une interview accordée à CNN que "les tensions sont à leur paroxysme."

Ces textes tirés de la presse russe n’engagent pas la responsabilité de RIA Novosti

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