L'Union eurasiatique, le besoin d'une nouvelle idéologie

© RIA Novosti . Mikhail Klimentiev / Accéder à la base multimédiaVladimir Poutine, Noursoultan Nazarbaev et Alexandre Loukachenko
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Les présidents russe, Vladimir Poutine, biélorusse, Alexandre Loukachenko, et kazakh, Noursoultan Nazarbaev, ont signé le 29 mai 2014 à Astana un accord pour la création de l'Union économique eurasiatique (UEE) à partir du 1er janvier 2015.

Les présidents russe, Vladimir Poutine, biélorusse, Alexandre Loukachenko, et kazakh, Noursoultan Nazarbaev, ont signé le 29 mai 2014 à Astana un accord pour la création de l'Union économique eurasiatique (UEE) à partir du 1er janvier 2015.

Economiquement les Brics sont plus dangereux pour les USA que l'UEE

En règle générale, les médias mettent l'accent sur l'aspect économique de ce projet. En effet, la Communauté économique eurasiatique, après son entrée en vigueur, contrôlera 20,7% des réserves mondiales de gaz et 14,6% de pétrole. On y produit 9% d'électricité, 14% d'engrais minéraux et 6% d'acier.

Néanmoins, il ne faut pas considérer l'Union économique eurasiatique sous sa forme actuelle comme un concurrent ou défi direct pour l'UE. Le PIB total de cette dernière s'élève à 23% (16 600 milliards de dollars). Même après l'adhésion de l'Arménie et du Kirghizstan l'UEE concentrera moins de 4% du PIB mondial (2 600 milliards de dollars). L'adhésion de l'Ukraine et d'autres républiques postsoviétiques n'y changerait rien non plus – la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan se partagent 85% du potentiel économique de la CEI.

Ce sont les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui représentent un véritable contrepoids à l'UE et aux USA. Le PIB total de ce groupe s'élève aujourd'hui à 16 030 milliards de dollars. Les analystes de Goldman Sachs prédisent qu'en 2032 les Brics dépasseront le G7 de par leur potentiel. Et d'ici 2043, la Chine et l'Inde seront les premières économies mondiales, repoussant les Etats-Unis à la dernière marche du podium. De ce fait, à première vue la machine de propagande occidentale devrait se tourner contre les Brics.

L'intégration, un moyen d'empêcher de nouveaux maïdans

Mais aussi étrange que cela puisse paraître, ce sont l'Union douanière et aujourd'hui la Communauté économique eurasiatique qui subissent des attaques permanentes et très agressives. Et les politiciens américains de premiers rangs y mettent la main à la pâte. Pourquoi?

De toute évidence, la réponse à cette question ne se trouve pas sur le plan économique, mais géopolitique. Manifestement, Washington ne craint pas aujourd'hui l'aide économique de quiconque. C'est l'impossibilité d'exercer une influence sur la politique d'un autre Etat qui est bien plus dangereuse pour lui. Hélas, dans le monde contemporain il est possible de détruire un Etat, même ayant une croissance économique fulgurante, en utilisant les mécanismes des "révolutions de couleur" et en corrompant les élites nationales. Dans tout pays on peut trouver des problèmes interethniques ou sociaux qui pourront être manipulés pour organiser des émeutes suivies du renversement d'un gouvernement légitime. A une seule condition – la stabilité insuffisante du gouvernement et les erreurs en termes d'idéologie.

Pas besoin d'aller trop loin pour trouver des exemples. En 2004, l'Ukraine affichait une croissance économique élevée avec un PIB de 13%, mais cela n'a pas empêché d'y organiser la révolution orange. La Libye était l'Etat d'Afrique le plus prospère sur le plan économique et social, mais l'Occident a réussi à mobiliser les opposants à Kadhafi pour les faire arriver au pouvoir par un coup d'Etat. Idem pour la paisible Yougoslavie. De la même manière a été déstabilisée l'URSS, en dépit de l'amélioration du niveau de vie des Soviétiques avant la perestroïka.

La fragilité générale des Etats postsoviétiques (à l'exception de la Russie) consiste en l'absence de traditions étatiques établies. Pas de son propre Hugo Chavez charismatique, capable d'enflammer les masses par une nouvelle "idée bolivarienne", pour former d'un mouvement de masse un puissant pilier du pouvoir. La politique étrangère de chacun de ces pays porte encore le sceau de  multivectorialité, les positions sur les événements géopolitiques cruciaux restent inexprimées.

Dans un monde qui s'est brusquement polarisé, la nuisibilité d'une telle approche est évidente. L'expérience des dirigeants loyaux envers l'Occident, tels que Koutchma, Chevardnadze, Akaev et Ianoukovitch, a mis en évidence que dans les conditions actuelles ce sont les régimes se tenant au principe de multivectorialité qui deviennent les premières victimes de Washington.

La cause semble résider dans la volonté obsessionnelle des Etats-Unis de détruire leur principal rival géopolitique, la Fédération de Russie. Les tentatives de la saboter de l'intérieur se soldaient systématiquement par un échec. C'est la raison pour laquelle les politiciens américains ont opté pour une autre tactique – détruire la Russie de l'extérieur, générant une zone d'instabilité le long de ses frontières et impliquant le Kremlin dans de nouveaux conflits dans l'espace postsoviétique. Et à ces fins Washington est prêt à sacrifier même ses propres alliés, sans parler de ceux qui préfèrent se tenir à l'écart.

Dans ces conditions, l'intégration eurasiatique est devenue l'unique moyen d'empêcher de nouveaux maïdans. C'est précisément la raison pour laquelle on a redoublé d'efforts pour former l'Union douanière et aujourd'hui l'Union économique eurasiatique après une série de révolutions de couleur en Géorgie, en Ukraine, au Kirghizstan, etc.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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