Il est temps pour l'Australie de rompre sa dépendance vicieuse envers les États-Unis, déclare l'ex-premier ministre australien Malcolm Fraser dans le magazine analytique The National Interest.
Selon lui ces relations avec l'Amérique, autrefois bénéfiques, deviennent aujourd'hui dangereuses pour l'Australie. Et ce pour plusieurs raisons.
"Les États-Unis et l'Australie ont des systèmes de valeurs très différents. L'idée américaine d'exclusivité va à l'encontre de l'idée australienne d'équité et de prospérité générale", écrit Malcolm Fraser.
Il souligne que ces dernières années, les USA ont mené une politique étrangère désinvolte et imprudente en impliquant leurs alliés dans leurs "aventures". Ces derniers temps, guidés par leurs caprices et la conviction de leur exclusivité, sans disposer d'informations exhaustives, les USA ont pris de nombreuses décisions inconsidérées vis-à-vis de l'Europe de l'Est, de la Russie et du Moyen-Orient.
De plus, écrit l'ex-ministre, des bases militaires américaines se trouvent sur le territoire australien - notamment la station de suivi de satellites américaine Pine Gap, utilisée entre autres pour des missions de renseignement. Dans les circonstances actuelles de détérioration des relations dans la région Asie-Pacifique, en cas d'aventure militaire provoquée par les USA l'Australie, leur alliée, deviendrait une cible pour leurs ennemis.
Si l'Amérique déclenchait une nouvelle guerre en Asie-Pacifique, l'Australie y serait automatiquement impliquée, contre sa volonté souveraine et ses intérêts nationaux.
Pendant la Guerre froide, l'Australie avait besoin d'une union solide avec les USA pour assurer sa propre sécurité. Cependant, après l'effondrement de l'URSS, ce besoin n'était plus d'actualité.
Selon Malcolm Fraser, dans les années 1990 l'Australie a commis plusieurs démarches imprudentes, après quoi le pays s'est enlisé dans les affaires stratégiques et militaires américaines. Un accord de coopération militaire étroite a été signé entre les deux pays, mais à l'époque personne n'avait réfléchi aux conséquences pour l'Australie.
En conclusion, l'ex-premier ministre souligne qu'aujourd'hui l'élite du pays doit prendre conscience qu'il est temps pour l'Australie de faire elle-même ses choix en politique étrangère, au lieu de suivre le sillage d'un autre pays. Selon lui, pour ne pas gaspiller et perdre sa souveraineté, l'Australie doit choisir une autre voie, sa propre voie, indépendamment des volontés et des intérêts des USA.
