L'Ukraine, exemple du naufrage des relations internationales (experts espagnols)

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Willy Meyer - Sputnik Afrique
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A l'heure actuelle, l'humanité assiste à la fin de la civilisation, au retour à la Guerre froide et au dysfonctionnement complet du système des relations internationales.

A l'heure actuelle, l'humanité assiste à la fin de la civilisation, au retour à la Guerre froide et au dysfonctionnement complet du système des relations internationales. Tel est l'avis de l'ex-député européen Willy Meyer, qui s'exprimait jeudi lors d'une table ronde consacrée à l'Ukraine à l'université Complutense de Madrid.

Le thème de cette rencontre organisée par la faculté des sciences politiques et de sociologie était "La catastrophe humanitaire vue par les associations et les partis politiques espagnols", avec la participation des représentants des courants d'extrême-gauche d'Espagne.

La civilisation a perdu ses repères

Selon M.Meyer, "les Etats-Unis et l'Union européenne ont encouragé le coup d'Etat en Ukraine tout en sachant qu'il déboucherait sur un conflit armé et des victimes civiles". Cependant l'Ukraine, d'après lui, n'est que l'un des reflets des nombreux problèmes auxquels est aujourd'hui confrontée la civilisation, "qui a perdu ses repères dans les relations internationales".

"Ces dernières ne se basent plus sur la Charte des Nations unies", a-t-il déclaré, citant de nombreux exemples d'ingérence des pays étrangers dans les affaires d'autres pays sans l'aval de cette organisation créée immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, précisément pour empêcher la répétition des erreurs du passé – l'Afghanistan, l'Iran, la Syrie, la Libye, la Yougoslavie.

L'utilisation de la force sans le consentement du Conseil de sécurité des Nations unies est devenue chose courante. C'est ce qui se passe actuellement en Syrie et ce fut le cas sur les territoires palestiniens.

C'est également dans ce contexte qu'il convient d'analyser la situation en Ukraine. L'Ukraine n'est qu'un nouvel exemple illustrant le fait que les relations internationales ne sont plus basées sur le droit. L'impunité règne dans le monde.

"J'ai honte en tant qu'Européen"

"J'ai honte en tant qu'Européen du rôle joué par l'Europe dans le monde. Elle devrait vouloir la fin des guerres. Si nous ne sommes pas capables de faire appliquer les normes du droit international et si aucun crime ne fait l'objet d'une enquête, alors la civilisation est en danger", estime M.Meyer.

Selon lui, une nouvelle Guerre froide a déjà repris dans le monde. "Notre responsabilité morale consiste à empêcher l'effondrement de la civilisation. On dit qu'une troisième guerre mondiale pourrait commencer. Et je dirais que si nous continuons dans le même esprit, elle commencera, c'est certain".

Le dernier sommet de l'Otan au pays de Galles, où aucun représentant russe n'a été convié, montre qu'on cherche à transformer la Russie en ennemi, et ce sommet a été un "pas en arrière".

"Que doit faire la Russie quand l'Otan commence à l'encercler? Quand l'Alliance veut aspirer la Géorgie et l'Ukraine? Elle doit s'armer. Je la comprends", a affirmé M.Meyer.

Le conflit ukrainien n'est pas un litige territorial

"Il est primordial, pour les pays occidentaux, que la Russie ne devienne pas une puissance mondiale", affirme pour sa part Juan de Dios Villanueva, vice-secrétaire général pour les relations internationales du Parti communiste d'Espagne. Il a également mis l'accent sur le fait que les Etats-Unis s'ingéraient dans tous les conflits dès qu'il était question de ressources naturelles.

"Le conflit ukrainien n'est pas un litige territorial entre la Russie et l'Ukraine, tel qu'on cherche à le présenter. C'est un litige entre les fascistes et les antifascistes", a-t-il déclaré.

Ce conflit, poursuit-il, est lié aux aspirations expansionnistes de l'Otan vers l'Est. "C'est l'ironie de l'histoire: ceux qui ont été vaincus pendant la Seconde Guerre mondiale, les fascistes, sont aujourd'hui soutenus par les gouvernements des pays qui ont remporté cette guerre", explique-t-il.

Il a également rappelé l'aide accordée dans les années 1930 par l'Union soviétique dans la lutte contre le franquisme, qui avait également pris la défense du parti communiste ukrainien "persécuté aujourd'hui dans son pays comme c'était le cas au début des années 1930 en Allemagne".

Juan de Dios Villanueva explique qu'il ne peut pas conseiller aux Espagnols de partir comme volontaires pour soutenir le sud-est de l'Ukraine, mais il reconnaît avoir de "l'admiration pour ceux qui prennent la décision d'y partir".

"Personne ne se préoccupe de la population"

Agustin Rios, représentant du parti Initiative communiste et cofondateur du Comité de soutien à l'Ukraine antifasciste de Madrid, a déclaré que l'un des objectifs de l'organisation qu'il a créée était de lutter contre les "informations frauduleuses" sur ce conflit et de soutenir le Donbass de manière logistique, économique et morale, ainsi que de propager ces idées dans d'autres villes d'Espagne.

"Nous voulons apporter notre aide à ceux qui ont autrefois apporté la leur à l'Espagne", a déclaré Agustin Rios.

Ramiro Gomez, qui s'est rendu dans la région de Lougansk comme volontaire, a présenté aux étudiants un éclat d'obus rapporté de la zone du conflit. Il a qualifié les événements en Ukraine de "massacre", et la trêve annoncée de "falsification".

"Personne ne se préoccupe des gens qui vivent dans le Donbass, tout le monde s'intéresse aux ressources énergétiques", a conclu Ramiro Gomez.

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