Base de Manas: un échec de la diplomatie russe? (Vedomosti / Kommersant)

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MOSCOU, 24 juin - RIA Novosti. La décision des autorités kirghizes de créer, en partenariat avec les Etats-Unis, un centre de transit à l'aéroport international de Manas, au lieu de faire évacuer complètement la base militaire américaine, constitue une surprise désagréable pour la Russie, écrivent ce mercredi les quotidiens Vedomosti et Kommersant.

La base kirghize est nécessaire pour ravitailler les forces participant à l'opération de l'OTAN en Afghanistan, dont le succès devrait intéresser Moscou. Les efforts diplomatiques russes de la dernière période reposaient sur le postulat suivant: les Américains vont créer au Sud une place fortifiée, couper court à l'influence de la Russie et menacer ses frontières.

Donnant suite aux promesses de Moscou de lui octroyer un crédit de 2 milliards de dollars et une aide financière de 150 millions de dollars, ainsi que d'aider à la construction de la centrale hydroélectrique de Kambaratinsk, le Kirghizstan avait commencé à fermer la base américaine: le parlement avait dénoncé l'accord et un délai assez rapproché d'évacuation des troupes avait été fixé. Il s'agissait, peut-être, d'une tentative de raffermir ses positions dans la région et d'envoyer à l'Amérique un signal clair: c'est avec nous qu'il faut se mettre d'accord et c'est nous qui annonçons le prix. Et voilà, les Américains restent dans le pays même si, formellement, leur statut est modifié. Moscou est contrarié d'avoir perdu de l'argent et de voir son influence de nouveau remise en question.

Cette situation est d'autant plus déplaisante qu'elle s'est déjà produite plusieurs fois, et pas seulement dans les relations avec le Kirghizstan. Les autorités turkmènes promettent leur gaz tantôt à Gazprom, tantôt à la Chine, tantôt à l'Europe via Nabucco. De même, Moscou a espéré en vain que Minsk reconnaîtrait l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud en échange de crédits et d'un gaz bon marché. Quant aux entreprises biélorusses, Alexandre Loukachenko n'est pas pressé de les faire passer sous contrôle russe.

Les ruses de la diplomatie russe - échanges, promesses, manoeuvres compliquées - ne marchent pas. Ses voisins ont compris depuis longtemps qu'ils ne sont pas tenus de s'acquitter des engagements non officiels: la Russie apportera de toutes façons une nouvelle "carotte" pour demander, comme d'habitude, autre chose de manière informelle. Nous vous donnons de l'argent et vous nous offrez en échange la reconnaissance de l'Abkhazie, un gazoduc ou encore autre chose.

Moscou a déjà promis de donner à Bichkek une "réponse appropriée", mais n'a pas encore perdu l'espoir d'éviter le scandale. Cet espoir pourrait en effet se voir justifié, si la question de la présence militaire des Etats-Unis en Asie centrale pouvait être réglée, lors des discussions qu'auront le 7 juillet les présidents Dmitri Medvedev et Barack Obama, en échange de concessions de Washington dans des domaines tels que le déploiement de l'ABM en Europe orientale ou l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN. Une telle éventualité n'est pas à exclure, selon Konstantin Zatouline, vice-président du Comité de la Douma (chambre basse du parlement russe) en charge de la CEI.

Ce texte tiré de la presse russe n'engage pas la responsabilité de RIA Novosti.

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