Avant 1991, peu nombreux étaient ceux qui ont entendu parler de la ville de Mychkine dans la région de Iaroslavl. Mais cette année là, un musée de la Souris y a été inauguré. Et aujourd’hui, tous les bateaux qui naviguent sur la Volga, font une escale dans cette ville. Le musée de la Souris est unique, et il fait un carton autant parmi les touristes russes, qu’auprès des visiteurs étrangers.
En russe, le nom de la ville de Mychkine a la même racine que le nom « mych », qui signifie « souris ». Il y a plusieurs versions de l’origine du nom de la ville, mais c’est une légende ancienne, avec un épisode de la vie du boyard Mstislavski, qui a été retenue comme la version officielle.
« Il fut un temps, des forêts se trouvaient à la place de la ville de Mychkine », explique la directrice du musée Liubov Gretchoukhina. « De riches propriétaires y faisaient de la chasse. C’était notamment le cas du prince Fedor Mstislavski, qui s’y est rendu pour chasser l’ours. La chasse n’était pas réussie, il n’a tué aucun animal, mais fatigué, le prince a décidé de s’allonger par terre pour se reposer et s’est soudain endormi. C’est une souris, lui marchant sur le visage, qui l’a réveillée. Il s’est levé brusquement, et a vu un serpent vénéneux à ses pieds. Le prince a pu tuer le serpent, et en mémoire de ce sauvetage miraculeux, il a ordonné de construire sur ce lieu une petite chapelle. La chapelle a été construite, et l’endroit a reçu le nom de Mychkine. »
La ville de Mychkine aujourd'hui ressemble à de nombreuses petites villes de Russie. Avec une population d’à peine 60.000 habitants, elle accueille chaque été jusqu’à 170.000 touristes. Ils affluent ici pour visiter le Musée de la Souris. D’un côté, cet animal est un symbole joyeux de la ville, et depuis le 18e siècle on peut même apercevoir une souris sur armoirie. Au Palais de la Souris, un spectacle d’animation avec des acteurs, habillés en sujets du Royaume de la Souris, est joué pour les visiteurs. Mais d’autre part, ce musée dispose d’informations très sérieuses. Par exemple, dans la salle d’exposition, qui s’appelle « Les souris - héros de la science », on apprend quelle fut la contribution des souris de laboratoire à la science moderne. Il y a même un mini-zoo, créé avec l’aide du zoo de Moscou. On y trouve des espèces différentes de souris, mais aussi des rats. Quant à l’exposition au grenier, c’est une illustration de la vie quotidienne en Russie ancienne, avec des meules en pierre, des rouets en bois, et des arithmomètres dont on a oublié aujourd’hui l’existence. Et ce ne sont pas des mannequins d’hommes qui sont disposés dans cette pièce, mais ceux des souris en costumes folkloriques. Des détails du quotidien des paysans russes de l’époque ancienne sont reproduits ici avec une touche d’humour, avec des joies et des peines de la société de cette époque. On peut y voir notamment une scène du recrutement des jeunes soldats à l’armée. Les visiteurs peuvent voir dans le coin une souris triste et son conjoint, l’appelé à l’armée, avec un petit sac rempli de grains pour la route.
La seule curiosité qui peut faire concurrence avec le musée de la Souris à Mychkine, c’est le musée des Bottes de feutre (valenki). Ces bottes sont fabriquées dans ce centre depuis plus d’un siècle, et un monument aux valenki décore d’ailleurs le centre de la ville. Cependant, pour la directrice du Centre de tourisme de la ville de Mychkine Svetlana Tchistiakova, ce ne sont pas les musées qui ont rendu célèbre la ville de Mychkine.
« On dit de notre ville « qu’elle est petite, mais connue partout en Russie grâce aux bottes de feutre et aux souris ». Mais ceux qui ont rendu notre ville célèbre, ce sont nos habitants, qui préservent son histoire et la perpétuent. Je pense que c’est notre naïveté provinciale, notre gentillesse et notre touche d’humanité qui attire les touristes. »
Au centre de Mychkine, presque chaque bâtiment en bois porte une plaque commémorative. Ainsi, l’une des maisons a vu apparaître la première lampe électrique dans la ville. La ville est également la patrie de Piotr Smirnov, le célèbre créateur de la vodka impériale, la Smirnovka.
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