Antarctique: plongée au cœur du quotidien des explorateurs

© RIA Novosti . G.Koposov / Accéder à la base multimédiaObservatoire géophysique soviétique Mirny
Observatoire géophysique soviétique Mirny - Sputnik Afrique
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Des journalistes russes ont fait part de leurs impressions après des rencontres avec les explorateurs.

La base soviétique Mirny en Antarctique est entrée en service le 13 février 1956. Le travail des explorateurs n'est pas une sinécure: ils doivent souvent travailler dans des conditions inhumaines.

Il existe plusieurs types de bases polaires. Leur classification dépend de leur localisation : à la surface de la glace, sur la terre ferme ou à quelques mètres de profondeur sous la neige. Il existe également des bases dérivantes. La première de ce type en Union soviétique s'appelait
"Pôle Nord".

Les explorateurs ont énormément de travail. Ils mènent leurs recherches pendant toute l'année entière dans des domaines aussi variés que l'océanologie, la glaciologie (la physique et la dynamique des glaces), la météorologie, l'aérologie, la géophysique (observations dans les champs ionosphérique et magnétique), l'hydrochimie, l'hydrophysique, ainsi que la biologie marine. Le personnel des bases mesure la profondeur de l'océan, observe la météo, mesure la température de l'eau et fait des prélèvements pour les analyser. Les chercheurs procèdent également à des études magnétiques, ionosphériques ou encore glaciales.

Une base est structurée comme une ville : on y trouve des maisons pour les explorateurs, des structures techniques et des équipements. En ce qui concerne les bases dérivantes, elles sont plus mobiles pour pouvoir être évacuées en raison du risque de destruction de la banquise.

Environ 15 personnes travaillent en moyenne dans une base, qui ont toutes suivi une formation spéciale au préalable. 

© RIA Novosti . G.Koposov / Accéder à la base multimédiaA l'aérodrome de la station antarctique Mirny
A l'aérodrome de la station antarctique Mirny - Sputnik Afrique
A l'aérodrome de la station antarctique Mirny

La météo

Les conditions climatiques sur les bases polaires sont souvent très dures. La température en Antarctique est déjà descendue jusqu'à -89°C : le record de température la plus basse sur la planète. Mais l'aiguille du thermomètre n'est jamais très loin du record. Au cours de l'année la température varie entre -60°C et -75°C durant les mois d'hiver, et entre -30°C et -50°C en été.

Il est évidemment impossible de se réchauffer avec des vêtements dans ces conditions. La vie sur une base polaire n'est possible que grâce à un groupe électrogène, qui permet de faire fonctionner le système de chauffage et d'électricité. Un groupe de ce genre tourne en permanence et un responsable est désigné tous les jours pour surveiller son fonctionnement. En cas de défaillance, la base pourrait survivre une demi-heure maximum.

Comment les explorateurs polaires sortent-ils par un temps aussi froid, comment se réchauffent-ils ? Ils doivent rendre compte par avance de chaque sortie au chargé de permanence. Il est interdit de sortir seul. Deux minimum : ce sont les règles de sécurité. Trois couches de vêtement sont nécessaires : des sous-vêtements thermiques, qui permettent d'évacuer l'humidité vers l'extérieur ; des vêtements en laine ou une veste polaire ; et la troisième couche est une parka. Il peut également s'agir d'une doudoune. Pour les mains : des gants en laine, puis des moufles en fourrure. Pour les pieds : des chaussettes en fourrure et des bottes en feutre, une couche de feutre supplémentaire est ajoutée à la semelle. Pour protéger le visage il est obligatoire de porter un masque avec de orifices uniquement pour les yeux. Sans masque, le nez et les lèvres givrerait immédiatement avec la respiration. Il est parfois nécessaire de sortir plus d'une fois par jour.

Hormis le grand froid les explorateurs peuvent être confrontés à des tempêtes. Par exemple, à la base Mirny les températures ne sont pas aussi basses (-30°C pendant les moins d'hiver les plus froids) mais des vents fréquents et forts soufflent sur le littoral près de Mirny. La vitesse du vent peut alors atteindre 56 m/s. Les vents violents et les ouragans accompagnés par de fortes tempêtes sont un phénomène fréquent en période hivernale. La base est dotée à cet effet de cordes et de rampes pour pouvoir se déplacer pendant une tempête.

Les explorateurs aguerris racontent que par temps de grand froid une odeur spécifique, incomparable, apparaît dehors. Elle est à peine perceptible et en général on n'y fait pas attention, à tel point elle est subtile et faible. Cependant, toute l'Antarctique en est imprégnée. Certains qualifient cette odeur de "vanille caramel".

© RIA Novosti . G.Koposov / Accéder à la base multimédiaObservatoire de la station antarctique Mirny
Observatoire de la station antarctique Mirny - Sputnik Afrique
Observatoire de la station antarctique Mirny

La réaction de l'organisme et l'adaptation

Ne devient pas explorateur polaire qui veut et seuls des spécialistes bien préparés partent en Antarctique et même pour eux, une phase d'acclimatation de un à trois mois est nécessaire.

En Antarctique l'atmosphère est très déchargée, la pression est très forte et les précipitations sont très faibles, d'où une humidité quasiment nulle. Dans un premier temps il est impossible de se déplacer rapidement ou de lever des objets lourds. Il est également très difficile de respirer : pour comparaison, il y a autant d'oxygène qu'à 5 000 mètres d'altitude dans les latitudes moyennes. En cas de gestes brusques, l'individu s'essouffle et sa vision se trouble. Il pourrait même tomber de vertige. L'apnée du sommeil – arrêt de la respiration pendant que la personne dort - est également un phénomène assez répandu. Enfin, les habitants des bases polaires perdent beaucoup de poids – jusqu'à 10 kg par mois.

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Observatoire de la station antarctique Mirny  - Sputnik Afrique
Observatoire de la station antarctique Mirny

Les maisons

Les maisons des bases polaires sont généralement de couleur vive – rouge, orange – pour qu'elles soient plus visibles sur le fond blanc. En apparence elles font penser à des containers ou des modules industriels. Isolées avec des panneaux sandwich, leurs fenêtres se situent au plafond et sur les côtés. Chaque maison possède deux chambres et peut accueillir 1 à 2 personnes. Elles sont équipées du confort nécessaire – WC, salle de bain – dans le sas.

Sur certaines bases les maisons sont recouvertes de neige et aucune lumière ne pénètre à l'intérieur. Deux sorties permettent d'atteindre la surface – principale et de secours. Si un tunnel de 50 mètres est creusé jusqu'à la sortie principale, la sortie de secours est une échelle qui mène à la surface au-dessus du bâtiment de la base.

Dans ces conditions climatiques difficiles, la vie des explorateurs n'est pas très confortable - même à l'intérieur. La température dans les maisons est d'environ 15°C mais il est parfois nécessaire d'économiser du carburant et l'aiguille du thermomètre descend. Par exemple, la station Vostok a connu une telle situation et selon les explorateurs, la température dans les maisons avait chuté aux alentours de 5°C.

© RIA Novosti . V.Park / Accéder à la base multimédiaMembres d'une expédition polaire près du drapeau de l'URSS installé sur la base Mirny
Membres d'une expédition polaire près du drapeau de l'URSS installé sur la base Mirny - Sputnik Afrique
Membres d'une expédition polaire près du drapeau de l'URSS installé sur la base Mirny

La nourriture

Les explorateurs ne sont pas des cosmonautes : ils mangent de la nourriture "normale", qui arrive par avion une fois par semaine. Le personnel de la base choisi lui-même le "menu". Les explorateurs mangent souvent des fruits et légumes frais d'Afrique du Sud et cuisinent de manière classique, sur un four électrique plus puissant.

La base Mirny dispose d'un entrepôt pour conserver des produits surgelés, installé dans la glace de la banquise à 7 km de la cité.

L'eau est produite avec la glace et la neige environnantes, qu'on fait fondre pour obtenir de l'eau distillée. On y ajoute des vitamines, parce qu'il est nuisible de boire de l'eau distillée pure et un temps d'adaptation est nécessaire pour s'habituer à cette eau. Elle ne contient pas de sels ou de minéraux et par conséquent, dans un premier temps, le sentiment de soif est constant.

Les déchets, eux, ne restent pas à la base. Ils sont évacués par avion ou navire. Avant l'évacuation, les déchets alimentaires et les fûts de carburant vides sont comprimés en "rondelles" de 15-20 cm d'épaisseur.

Les loisirs

Les explorateurs passent des mois, voire des années à la base. Ils ne pourraient pas se passer de loisirs. Internet est aujourd'hui disponible pratiquement partout et il est possible d'appeler chez soi par satellite. Il y a également la télévision, mais une seule chaîne.

Dans le bâtiment de vie se trouve un mess avec une table de billard et d'autres jeux – dames, échecs. Parfois, les explorateurs prennent un bain ! Par exemple pour l'Epiphanie, dans un lac au milieu de la banquise...

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