Tatyana McFadden est une sportive américaine d’origine russe qui concourt en fauteuil roulant. Elle est prête à surmonter n’importe quel obstacle.
La jeune femme est légèrement nerveuse quand elle descend une pente. Elle devra pourtant se plier au jeu de la sélection pour intégrer l'équipe de ski américaine qui participera aux Jeux paralympiques d'hiver de Sotchi l'an prochain.
"Je n'arrive pas à oublier ce jour où j'ai pris de l'élan sur une pente et, effrayée par la vitesse, j'ai fini dans un tas de neige", raconte Tatyana McFadden, 24 ans, à RIA Novosti. "A vrai dire, j'adore grimper les pentes.
Je me réjouis toujours en voyant une montée car je sais que je vais devoir transpirer."
Tatyana McFadden a vécu dans un orphelinat en Russie avant d'être adoptée par une famille américaine à l'âge de six ans. Aujourd’hui elle prétend décrocher une place dans l'équipe paralympique de ski américaine. Si elle arrive à passer la sélection et partir à Sotchi, Tatyana espère poursuivre sa série de victoires qui, depuis 15 mois, ont fait d'elle l'une des meilleures sportives de la planète.
Elle a en effet remporté trois médailles d'or et une médaille de bronze dans des courses en fauteuil roulant aux JO de Londres 2012. Puis elle a décroché trois médailles d'or aux championnats du monde en juillet dernier, devenant la première sportive à remporter les quatre plus grands marathons de la saison à Boston, à Londres, à Chicago et à New York de toute l'histoire du sport, toutes catégories confondues.
"C'était effectivement une année pleine de surprises", reconnaît-elle.
Tatyana McFadden est née avec une anomalie de développement de la colonne vertébrale qui a entraîné la paralysie de ses membres inférieurs. Elle a passé les premières années de sa vie dans un orphelinat de
Saint-Pétersbourg avant d’être adoptée aux Etats-Unis par Debbie McFadden, dans le Maryland, qui l’a poussée à faire du sport.
Tatyana enregistre de très bons résultats dans les courses en fauteuil roulant mais, passionnée de ski qu’elle pratique pendant son temps libre, elle a décidé de s'essayer également à cette discipline.
"J'ai toujours apprécié les sports de glisse. J'ai essayé le ski alpin mais les vitesses sont trop élevées pour moi. Alors je me suis dit : pourquoi ne pas tenter le ski de fond ?", livre Tatyana.
En janvier elle a intégré l'équipe américaine pour la Coupe du monde de ski qui s'est déroulée sous l'égide du Comité international paralympique à Cable, dans le Wisconsin. Elle affiché les meilleurs résultats des membres de son équipe en terminant quatrième dans une discipline et cinquième à deux autres étapes.
En novembre 2013, les exploits de Tatyana McFadden ont été remarqués par le Comité olympique américain qui lui a accordé le titre d'"Athlète du mois".
La composition de l'équipe américaine qui partira à Sotchi sera fixée début janvier. Même si Tatyana souligne que l'important, pour elle, soit avant tout de participer aux épreuves, elle reconnaît que l'organisation des Jeux dans son pays natal aidera à attirer l'attention sur l'équipe paralympique.
"C'est important que la Russie accueille les Jeux, il faut montrer que les sportifs paralympiques sont une élite sportive au même titre que les participants aux Jeux olympiques, qu'ils sont capables d'aller à l'école, de voyager et de mener un train de vie autonome", a déclaré Tatyana à l'agence RIA Novosti.
En dépit des efforts du gouvernement russe pour mettre en place un environnement accessible aux personnes handicapées et contribuer à leur intégration dans la société, la Russie a beaucoup de retard sur les USA et l'Europe dans ce domaine.
Tatyana est également consciente d'être un exemple pour les orphelins russes ou les enfants sans tutelle parentale : elle leur montre qu’ils peuvent avoir une seconde chance grâce à l'adoption par une famille étrangère.
Elle a d’ailleurs critiqué ouvertement la loi signée par le président russe Vladimir Poutine en décembre 2012, interdisant aux citoyens américains d'adopter des enfants russes. Cette interdiction était une réponse politique de la Russie à la "loi Magnitski", instaurant des sanctions contre des hauts fonctionnaires russes accusés de violation des droits de l'homme.
Pour ses critiques, cette loi prive des dizaines de milliers d'enfants d'une chance de grandir dans une famille normale. Selon les autorités russes au contraire, cette initiative était nécessaire pour mettre un terme à la violence et la négligence systématique des parents adoptifs américains envers les enfants russes qui ont entraîné, dans certains cas, leur décès.
"Je suis née en Russie et j’ai été adoptée par une famille américaine, je pourrais devenir un exemple de réussite", a déclaré Tatyana à RIA Novosti. "Si je n'avais pas été adoptée, je n'aurais jamais fait de sport. J'ignore comment ma vie aurait tourné."
Tatyana espère que les supporters seront sensibles à son histoire et la soutiendront aux Jeux de Sotchi, si elle était sélectionnée pour faire partie de l'équipe américaine. Quoi qu'il en soit, elle sera concentrée sur les épreuves paralympiques qui débuteront le 7 mars, un mois après l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver.
"Je pense vraiment que le problème de l'adoption est primordial. Mais si je partais à Sotchi, je le ferais en tant que sportive. J'ai hâte d'enfiler le ski, de me battre pour la victoire et de rencontrer les meilleurs sportifs du monde", a déclaré Tatyana McFadden à l'agence RIA Novosti.
