Le gouvernement allemand divisé sur Moscou

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Le comité de coalition des deux principaux partis allemands – la CDU/CSU et le SPD – s'est réuni hier à Berlin pour évoquer la cohérence des déclarations politiques vis-à-vis de la Russie, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le comité de coalition des deux principaux partis allemands – la CDU/CSU et le SPD – s'est réuni hier à Berlin pour évoquer la cohérence des déclarations politiques vis-à-vis de la Russie, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Formellement, les deux partis adoptent la même position mais le ton de leurs leaders trahit des divergences, qui reflètent les doutes ressentis par une grande partie des Allemands par rapport à la ligne de Berlin.

La politique du Kremlin, les intentions du président Vladimir Poutine et les relations de l'Allemagne avec Moscou provoquent des débats enflammés au sein du gouvernement et de la société. Ces conflits sont dus à l'inconsistance flagrante des méthodes de pression politique et des sanctions économiques visant à forcer Moscou à accepter la position occidentale dans le conflit ukrainien. La ligne antirusse de Washington, suivie en Europe, devient d'autant plus impopulaire que l'administration Obama connaît une vague de désamour. Dans le même temps Berlin, qui a gardé des contacts et dialogue avec Moscou, peut encore être un acteur influent et efficace dans le règlement des crises ukrainienne et européenne.

Mais tout n'est pas si simple. Le gouvernement allemand est lié par des engagements devant l'Otan et l'UE. Le contexte politique national a également son importance, notamment les formalités de la coalition dirigeante CDU/CSU-SPD qui n'excluent pas une rivalité sur les questions de politique étrangère.

Certains observateurs remarquent qu'après avoir échoué à obtenir des concessions du président russe suite à un entretien de quatre heures à Brisbane, la chancelière allemande a été déçue et ce sentiment s'est reflété par la suite dans la dureté de ses appréciations et de ses accusations publiques à l'égard de la politique russe. Ces jugements se distinguent par leur ton des déclarations calmes du ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, y compris à Moscou. Ce dernier est connu pour la retenue de ses déclarations diplomatiques, qui évitent la polémique contreproductive, et préfère en toute circonstance les négociations, les contacts et les décisions politiques.

Le leader du SPD Sigmar Gabriel a mis en garde les politiciens du CDU/CSU, jugeant inadmissible d'adopter un ton dur à l'égard de la Russie. Il a également partagé la position commune du SPD, qui estime nécessaire d'empêcher la poursuite de l'escalade. Cela implique, entre autres, l'abandon des manœuvres renforcées de l'Otan à proximité des frontières russes. Sigmar Gabriel a aussi noté le caractère inadmissible des débats sur l'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance.

Berlin ne souhaite pas transformer certains aspects de sa politique en pierre d'achoppement au sein du gouvernement. Les élections de 2017 sont encore loin. Le 24 novembre, à la réunion de la fraction CDU/CSU au Bundestag, Angela Merkel a souligné que sa position n'était pas en contradiction avec les déclarations de Steinmeier.

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