La levée des sanctions contre la Russie bloquée par le cas de la Crimée

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Les leaders européens ne veulent pas étudier l'assouplissement des sanctions contre la Russie en raison de "l'annexion de la Crimée" et de "la crise qu'elle a entraîné en Ukraine, qui a dégénéré en guerre", selon l’agence britannique Reuters citée mardi 28 octobre par le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les leaders européens ne veulent pas étudier l'assouplissement des sanctions contre la Russie en raison de "l'annexion de la Crimée" et de "la crise qu'elle a entraîné en Ukraine, qui a dégénéré en guerre", selon l’agence britannique Reuters citée mardi 28 octobre par le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'agence de presse détient notamment un projet préliminaire de résolution préparé lors du dernier sommet européen en date, selon lequel l'Occident proposerait au Kremlin de faire plus d'efforts afin de stabiliser la situation en Ukraine.

Les propos des experts présents lors du récent Forum russo-allemand à Moscou, réunion visant à trouver une sortie à la crise, permettent de mieux identifier les pressions éventuelles de l'Occident sur la Russie. Les opinions des hommes politiques et des entrepreneurs allemands sont tout à fait différentes à ce sujet mais ont un point commun: tous admettent que les tensions entre la Russie et l'Allemagne ne cessent de croître.

Le discours de Matthias Platzeck, président du forum et social-démocrate éminent, est à ce titre très révélateur. D'après lui, l'un des problèmes cruciaux dont la résolution pourrait marquer un tournant dans les relations russo-allemandes, est l'annexion de la Crimée: "Aujourd'hui on peut - et même on doit - faire un pas en arrière pour réfléchir à la question criméenne du point de vue du droit international".

Selon lui, trois scénarios d'évolution des relations entre la Russie et l'Europe sont possibles. Le premier prévoit que les autorités russes reconnaissent leurs erreurs et tentent de remédier à la situation, pour revenir à la situation d'avant-crise. Le deuxième se base sur une hausse des tensions au sein de la société russe à cause du mécontentement contre les actions du pouvoir dans la situation de crise. Ce dernier se solderait par la destitution du président Poutine. Enfin, le troisième scénario produirait une déstabilisation complète de la Russie. D'après Matthias Platzeck, les tensions dans les relations russo-allemandes s'approchent du niveau atteint après la Deuxième Guerre mondiale.

Les hommes d'affaires allemands participant au forum ne sont pourtant pas de même avis. Selon Rainer Seele, président de la chambre du commerce extérieur russo-allemande et PDG de Wintershall, "la crise, provoquée par la situation en Ukraine, se fait déjà sentir dans l'économie".

Il indique qu'il est plus difficile pour les entreprises allemandes de certifier leur produits et d'obtenir des licences pour les importations de productions de haute technologie, pendant que de nouveaux contrats ne sont pas toujours distribués en respectant les règles du marché.

D'après les experts occidentaux, les sanctions américaines et européennes ainsi que la baisse des prix du pétrole ont aggravé les difficultés de l'économie russe déjà en berne, très dépendante des exportations d'hydrocarbures, et ont fait chuter le rouble. Mais tout cela pourrait-il vraiment créer des bases pour une révolution en Russie?

L'analyse du Service fédéral des renseignements de l'Allemagne (BND) diffère de celle de la coalition gouvernementale de Berlin. Selon lui la Russie possède des réserves financières tellement importantes qu'elle est en mesure de résister aux sanctions plusieurs années (jusqu'à 4 ans selon les experts allemands). Qui plus est, un certain nombre d'entreprises russes ont saisi des tribunaux européens pour obtenir la levée des sanctions. Cette initiative est assez logique car selon la législation internationale le droit d'introduire de telles mesures punitives appartient exclusivement à l'Onu, et des entreprises publiques iraniennes ont même gagné plusieurs procès de ce genre.

D'autre part, les espérances quant à une situation révolutionnaire en Russie sont manifestement démesurées. Selon le Centre russe d'étude de l'opinion publique (VTsIOM), 83% des citoyens considèrent l'état du pays comme positif, alors que 15% seulement sont de l'opinion contraire.

Début 2014, ces chiffres étaient de 71% et 23% respectivement. En 2010, les estimations positives étaient de 62% contre 31%. En août dernier le Centre Levada a organisé un sondage concernant la volonté des Russes de participer à des contestations politiques massives: seulement 7% des citoyens avaient donné une réponse affirmative.

La question de la levée des sanctions se trouve donc dans l'impasse. Plusieurs leaders européens de premier plan sont contre leur abrogation et la situation en Ukraine reste instable malgré les efforts de la communauté internationale, car le temps pour résoudre les différends entre Kiev et les républiques autoproclamées de sud-est du pays semble définitivement perdu.

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