Le président biélorusse n'est plus un "mal absolu" pour l'Occident

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La télévision biélorusse a diffusé samedi dernier l'intégralité de l'interview du président Alexandre Loukachenko accordée à la chaîne Euronews, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

La télévision biélorusse a diffusé samedi dernier l'intégralité de l'interview du président Alexandre Loukachenko accordée à la chaîne Euronews, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les observateurs et les psychologues locaux constatent que le chef de l'Etat était flatté par sa prestation d'homme politique de niveau mondial, mais qu'il était très réticent à parler des actions et du rôle de la Russie dans le conflit ukrainien.

Euronews a accordé au président biélorusse 8 minutes d'antenne vendredi. Samedi, la télévision biélorusse diffusait la version longue de l'interview, soit une demi-heure. Les observateurs du pays estiment qu'Alexandre Loukachenko n'a fait aucune déclaration sensationnelle, hormis peut-être en se disant prêt à envoyer en Ukraine des casques bleus biélorusses.

Ses déclarations d'importance publique ont été diffusées sur Euronews: il a dit refuser de reconnaître les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, et rejeter la position de la Russie qui a décidé de reprendre la Crimée "sous prétexte qu'un jour elle a été incorrectement rattachée à l'Ukraine". Par ailleurs, dans la version longue de l'interview, on peut voir à quel point le journaliste a eu du mal à lui faire répondre aux questions concernant la Russie. Loukachenko cherchait visiblement à respecter un certain équilibre. D'une part, il ne pouvait pas se prononcer contre un allié – les négociations sur les tarifs pétroliers pour la Biélorussie sont en jeu - et de l'autre, il n'est pas solidaire avec toutes les actions de son voisin.

Les esquives permanentes de Loukachenko ont exaspéré le correspondant Sergio Cantone, qui a même formulé un reproche au président biélorusse: "Je vois que vous avez des choses à dire, mais vous ne voulez pas… Je suis donc obligé de poser beaucoup de questions". "La discussion est difficile", a résumé Loukachenko.

Selon les experts biélorusses, le président cherchait à profiter au mieux de la situation - sachant que manœuvrer entre l'est et l'ouest pour tenter d'en tirer profit est une stratégie habituelle du chef de l'Etat. Dans le cas présent, "son apparition sur une chaîne européenne est le signe d'une nouvelle situation géopolitique et la reconnaissance d'un nouveau statut pour Loukachenko en Europe", estiment les analystes de Minsk.

"La crise ukrainienne a exercé un immense impact sur la sécurité internationale, notamment en Europe centrale et de l'est. Tous les Etats de la région doivent s'adapter à la nouvelle situation. La crise ukrainienne a également eu beaucoup d'influence sur la Biélorussie et sa politique nationale", estime le politologue biélorusse Valeri Karbalevitch. "La sécurité est passée au premier plan pour la population, la demande d'un pouvoir fort a augmenté. C'est pourquoi la cote de Loukachenko monte et que la confiance accordée à l'opposition, qui est assimilée au Maïdan, à la révolution et au chaos baisse", pense l'expert.

Le politologue Vitali Tsygankov affirme que la présence de Loukachenko sur une chaîne européenne et la détente dans les relations avec l'UE et les USA résultent directement des événements en Ukraine. "Loukachenko n'est plus un mal absolu ni pour l'Occident, ni pour la majeure partie de la population, ni même pour l'opposition biélorusse", conclut l'expert.

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