Iran: l'état de santé de Khamenei exacerbe la confrontation politique

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L'état de santé du guide spirituel iranien Ali Khamenei se dégrade, écrit lundi le quotidien Kommersant.

L'état de santé du guide spirituel iranien Ali Khamenei se dégrade, écrit lundi le quotidien Kommersant.

La télévision nationale diffuse quotidiennement des images de l'ayatollah cloué au lit et appelant la population à s'unir et prier pour lui. Les Iraniens s'interrogent déjà: qui remplacera le guide suprême, pierre angulaire du gouvernement iranien depuis 25 ans? L'ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi – opposé à la politique libérale et à l'amélioration des relations avec l'Occident – est considéré comme l'un des principaux prétendants à sa succession.

Des rumeurs sur l'état de santé de Khamenei circulaient depuis longtemps mais les médias n'y avaient jamais accordé autant d'importance. Avec la maladie de l'ayatollah resurgit la question de la succession au poste suprême du pays, d'où est définie la ligne politique de l'Iran.

Depuis l'arrivée au pouvoir du président Hassan Rohani, cette dernière a pris un virage libéral et prooccidental.

Après sa victoire à la présidentielle, le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) s'est activement opposé aux tentatives des libéraux de réduire son influence sur la politique étrangère du pays, y compris les négociations avec l'Occident sur le programme nucléaire.

Selon les experts, le CGRI ne restera pas à l'écart de l'élection du nouveau guide suprême par l'Assemblée des experts, composée de plusieurs dizaines de membres religieux influents.

Après que l'ayatollah Mohammad Reza Mahdavi Kani, principal prétendant au poste de guide suprême, est tombé dans le coma en juin, ce poste était prédit au vice-président de l'Assemblée des experts, l'ayatollah Hashemi Shahroudi, 66 ans.

Ce dernier est considéré comme le favori d'Ali Khamenei et devrait bénéficier du soutien du CGRI. Cependant, selon les experts, sa gouvernance risque de freiner à terme la ligne prooccidentale actuelle de Hassan Rohani: l'ayatollah Shahroudi est perçu comme un conservateur, opposant à la libéralisation et partisan du développement du programme nucléaire.

Toutefois, quel que soit le remplaçant, il aura peu de chances de réussir à acquérir autant d'influence que son prédécesseur, évitant ainsi un changement politique brusque pour l'Iran.

Les experts comparent la situation actuelle au décès de l'ayatollah Khomeini en 1989. "Après la mort du guide suprême, la candidature de Khamenei était inattendue: ce n'était pas une personnalité de premier plan. Mais il a été un candidat de compromis qui convenait à toutes les parties", rappelle l'expert Alexandre Chichkine, ajoutant que par la suite Khamenei a acquis une influence importante sur toutes les branches du pouvoir, les médias et l'armée.

Aujourd'hui, selon les experts, on pourrait aussi chercher rapidement une figure de compromis pour éviter l'instabilité politique. "Même en cas de changement de guide suprême, la politique de l'Iran resterait la même à court terme", estime Alexeï Malachenko. Selon l'expert, l'autorité du président Rohani est très importante aujourd'hui, aussi bien en Iran qu'en Occident, et l'establishment politique iranien perçoit positivement les changements initiés sous sa présidence, y compris la levée d'une partie des sanctions occidentales.

"Il est difficile de prédire l'issue de la lutte pour le pouvoir en Iran. Mais Téhéran ne voudra certainement pas revenir à l'isolement après avoir montré sa disposition au dialogue et en avoir tiré profit", conclut Viktor Mizine, directeur adjoint de l'Institut des évaluations stratégiques.

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