Le ministère russe de la Défense commencera à utiliser cette année son nouveau complexe de détection des fragments de fusée tombés au sol, écrit mercredi le quotidien Izvestia.
Selon une source du QG des forces de défense aérospatiale, il pourrait être utilisé sur le polygone de Koura, au Kamtchatka, lors des essais et des exercices de tir de missiles.
Le complexe a été conçu pour détecter les fragments de fusée en temps réel. Son utilité? Comme le moteur brûlant du premier étage de la fusée tombe au sol après le lancement avec des restes de combustible à haut indice, il a de fortes chances de provoquer un incendie de forêt: c'est pourquoi les développeurs avaient pour intention de détecter les débris du lanceur Angara immédiatement après leur arrivée au sol pour indiquer aux services opérationnels leur localisation.
"La solution a été trouvée grâce à la combinaison de deux systèmes inédits: le premier de localisation par infrasons et le second sous forme de drone. Des stations sont installées dans la zone de chute et chacune d'elles est composée de trois modules équipés de micros à infrasons.
Les modules sont installés à un intervalle de 3-4 km et leurs batteries peuvent fonctionner pendant trois ans sans maintenance. Ces modules ont été camouflés et installés en culées pour ne pas attirer l'attention", explique l'un des concepteurs du complexe.
Les débris de fusées tombent au sol à une vitesse ultrasonique et l'onde sonore formée s'étend sur de grandes distances. La station peut capter ces ondes et déterminer le lieu de chute d'un fragment en fonction des délais d'enregistrement de l'onde sonore par les modules. En mode autonome, les modules d'une station communiquent entre eux pour déterminer la trajectoire et le lieu de chute des fragments, après quoi l'un des modules de la station transmet l'information au drone Orlan. Pour une meilleure précision dans la détermination des coordonnées des débris, il est prévu d'installer dans les zones de chute entre trois et cinq stations à un intervalle de 80-100 km.
Les drones seront lancés et entretenus par des stations de maintenance autonomes spécialement conçues, des bases mobiles pour desservir les zones de chute munies d'un châssis de KamAZ tout terrain. Chaque station disposera de deux véhicules amphibie à chenilles, qui pourraient servir à évacuer des personnes présentes sur les lieux avant le lancement. Les stations mobiles arriveront préalablement sur la zone de chute pour permettre aux drones de la survoler à la recherche de personnes qui pourraient se retrouver là où sont tombés des débris.
Selon son concepteur, l’algorithme de travail du système de maintenance des zones de chute et leur interaction avec les services opérationnels sera décrit en détail dans un accord qu'il est prévu de signer entre le ministère de la Défense et les administrations de la république des Komis et de la région de Tomsk dans les semaines à venir. Le premier lancement d'Angara de classe lourde est prévu pour décembre prochain. Le lanceur Angara de classe légère a passé les essais avec succès le 9 juillet 2014: la maquette de charge utile avec le deuxième étage d'Angara est tombée dans la zone prévue du polygone de Koura. Son atterrissage a été suivi par le nouveau système de détection, qui a également réussi ce cycle d'essai.
Selon une source du Centre spatial Khrounitchev, le coût de l'ensemble du complexe de surveillance des zones de chute des débris d'Angara n'a pas dépassé 160 millions de roubles.
