La guerre des sanctions est douloureuse pour l'Allemagne

S'abonner
L'Allemagne célèbre aujourd'hui sa Journée de l'industrie, organisée chaque année par la Fédération de l'industrie allemande (BDI), écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'Allemagne célèbre aujourd'hui sa Journée de l'industrie, organisée chaque année par la Fédération de l'industrie allemande (BDI), écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Cet événement traditionnel sera particulièrement politique cette année car les crises internationales, notamment en Ukraine, ont un impact sur l'économie allemande. Dans ce contexte, les capitaines d'industrie du pays voudraient connaître le cap de la politique économique du gouvernement.

Actuellement, la situation n'appelle pas à l'optimisme. Les prévisions de croissance cette année ont été revues à la baisse de 0,5% pour descendre jusqu'à 1,5% à la veille de la Journée de l'industrie allemande. Cette baisse s'explique par les crises en Ukraine, en Irak et au Moyen-Orient. "Les entreprises sentent le vent de face, l'incertitude grandit", a noté hier le président de la BDI Ulrich Grillo dans une interview accordée au quotidien Sueddeutsche Zeitung.

La chancelière Angela Merkel ne pourra certainement pas échapper aux questions sur la politique européenne de sanctions lors de la réunion au Centre des congrès de Berlin.
L'an dernier, selon les statistiques fédérales, l'Allemagne a exporté en Russie pour 36,1 milliards d'euros de marchandises. Bien que dans la liste internationale des importateurs de produits allemands la Russie ne figure qu'en 11ème position, une telle somme n'est pas dérisoire, qui plus est en temps de crises et de concurrence acharnée. Selon Ulrich Grillo, les sanctions occidentales imposées à la Russie et sa réaction ont été très douloureuses pour les entreprises allemandes qui travaillent activement en Russie.

Pour le milieu économique, c'est très clair. Mais il ne peut pas s'opposer à la politique du gouvernement. Le président de la BDI soutient les sanctions en reprenant l'argument de
Merkel – la force du droit doit primer sur le droit de la force. Il ajoute qu'en raison de l'interdépendance entre les économies allemande et internationale, les gouvernants et les entreprises doivent garder à l'esprit que le "développement économique en Allemagne vacille de plus en plus".

En ce qui concerne les sanctions, les médias et certaines personnalités politiques se demandent si la politique fédérale ne va pas dans une impasse. D'une part, le gouvernement allemand n'avait jamais accepté des mesures portant atteinte aux intérêts de l'économie. D'autre part, la volonté d'infliger un préjudice conséquent à la Russie, y compris au niveau de vie de sa population malgré les leçons historiques, va à l'encontre des positions politiques et morales des chanceliers Brandt, Schmidt, Kohl et Schröder.

Tout cela préoccupe beaucoup les Allemands et une partie de la presse. L'hebdomadaire Die Zeit avertit sur son site qu'il ne faut pas se faire d'illusions en espérant mettre à genoux la Russie par les sanctions: "Poutine ne cédera pas. A court comme à moyen terme les sanctions sont supportables pour la Russie".

On entend également retentir les voix de grandes personnalités politiques directement impliquées dans la réunification de l'Allemagne. L'ancien vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher a déclaré samedi qu'il percevait les évènements de 1989 comme la fin de la division de l'Europe, or aujourd'hui il estime qu'on "porte la division de l'Europe vers la frontière occidentale de la Russie", bien que cette dernière fasse également partie de l'Europe et non de "l'Asie occidentale". La chute du Mur et du rideau de fer, rappelle Genscher, "aurait été impensable sans un grand pays à l'Est".

L'ex-conseiller du chancelier Helmut Kohl pour les affaires étrangères Horst Teltschik appelle également à tenir compte des intérêts de la Russie en prévision du 25ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin. "Nous avons tellement fait en commun ces dernières années avec la Russie, mais aujourd'hui nous sommes pratiquement prêts à détruire tout cela", met-il en garde, appelant à ne pas réduire mais à accroître la confiance mutuelle.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала