La trêve menacée en Ukraine

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La trêve dans l'est de l'Ukraine risque d'être rompue, écrit jeudi 18 septembre le quotidien Kommersant. Le conseil municipal de Donetsk a fait état hier d'au moins deux victimes en 24 heures suite à des tirs d'artillerie.

La trêve dans l'est de l'Ukraine risque d'être rompue, écrit jeudi 18 septembre le quotidien Kommersant. Le conseil municipal de Donetsk a fait état hier d'au moins deux victimes en 24 heures suite à des tirs d'artillerie. Le règlement politique du conflit, grâce aux lois sur le statut particulier de certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk adoptées la veille par le parlement ukrainien, pourrait également échouer. Les forces d'autodéfense ont refusé d'organiser des élections selon les conditions de Kiev, tandis que le parti Patrie a promis de prouver le caractère anticonstitutionnel des initiatives avancées par le président Piotr Porochenko.

Des "combats violents" aux abords de l'aéroport de Donetsk ont été rapportés hier par le conseil municipal de la ville. D'après ce dernier, les tirs d'artillerie ont fait deux victimes civiles et plusieurs blessés en 24 heures.

Les forces d'autodéfense accusent l'armée ukrainienne. Le vice-premier ministre de la République populaire de Donetsk autoproclamée, Andreï Pourguine, est persuadé qu'un tournant a été marqué lundi, quand "quelque chose d'immense s'est écrasé sur la station-service de Khartsyzsk". Après cela, comme il l'a déclaré à RIA Novosti, les militaires ukrainiens ont recommencé à utiliser des armements lourds.

Le cessez-le-feu à Lougansk

Les autorités ukrainiennes, elles, rejettent la responsabilité de cette rupture de la trêve sur les insurgés. Par ailleurs, le premier ministre Arseni Iatseniouk n'a pas écarté hier la possibilité de renoncer unilatéralement au respect des accords de Minsk. Selon lui, l'Ukraine a besoin de la paix, mais "il faut calculer l'évolution des événements avec plusieurs coups d'avance".

"Nous n'avons pas confiance, qui plus est envers les Russes. Nous verrons donc comment seront mis en œuvre par la suite les prétendus accords de paix", a déclaré le premier ministre en appelant l'armée à rester en "état d'alerte". Le conseiller du président Nikolaï Tomenko a également déclaré hier que Kiev n'avait pas l'intention de stopper l'opération militaire, pour laquelle les dépenses totales approchent déjà les 5 milliards de dollars.

Le politologue ukrainien Dmitri Janguirov est convaincu que la fatigue s'accumule: "Les tirs cesseront uniquement à condition de séparer les belligérants, en établissant une certaine distance entre eux. A bien des endroits il n'y a pas de ligne de front directe et chacun interprète assez librement où il doit se trouver. Pour établir la paix, il est nécessaire de définir noir sur blanc une ligne de démarcation qui pourrait inclure les enclaves, bien que cela ne soit pas du tout souhaitable".

L'absence d'une telle ligne de démarcation n'est pas l'unique problème. La loi adoptée hier par le parlement ukrainien sur le statut particulier de certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk prévoit, entre autres, l'organisation sur place d'élections locales. Mais elle n'a été approuvée ni par les insurgés ni par les représentants de plusieurs forces politiques ukrainiennes. Les premiers ont déclaré que Kiev ne pouvait pas décider de l'endroit et de la nature des élections à organiser sur un territoire qu'il ne contrôle pas. Ils n'ont pas non plus été satisfaits par l'explication d'hier d'Irina Gerachtchenko, représentante du président ukrainien pour le règlement du conflit, selon qui "la loi implique un retour progressif des territoires litigieux sous le contrôle du gouvernement ukrainien et le rétablissement intégral de la souveraineté sur place".

Les soutiens de la guerre en Ukraine ont également critiqué hier l'initiative du président. La chef du parti Patrie Ioulia Timochenko s'est dite prête à prouver à la Cour constitutionnelle le caractère anticonstitutionnel des textes approuvés par le parlement. Les activistes du parti néonazi Pravy sektor (Secteur droit), qui ont organisé avec le mouvement Antimaïdan un rassemblement devant l'administration présidentielle, sont du même avis. Cette manifestation a failli dégénérer en affrontements: en accusant les autorités de "reddition face à l'agresseur" et de "trahison des intérêts nationaux", plusieurs centaines de radicaux ont jeté sur des policiers des pétards et des fumigènes.

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