Les USA exigent une zone tampon à la frontière russo-ukrainienne

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Les Etats-Unis lèveraient partiellement leurs sanctions si une zone tampon était établie entre l'Ukraine et la Russie, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Les Etats-Unis lèveraient partiellement leurs sanctions si une zone tampon était établie entre l'Ukraine et la Russie, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Selon une source haut placée de l'administration américaine, ce point est "crucial" pour Washington. Le Kremlin a répondu que Moscou n'accepterait aucune condition et le Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) a ajouté qu'il n'avait même pas l'intention d'examiner les exigences américaines.

La source américaine a dévoilé quelles étaient les conditions de Washington pour lever partiellement ses sanctions contre la Russie: "Nous attendons qu'elle retire tous ses soldats et son matériel du territoire ukrainien. Moscou doit cesser de soutenir les groupes armés et les mercenaires en Ukraine, libérer tous les otages, notamment la pilote Nadejda Savtchenko et le réalisateur Oleg Sentsov. Nous exigeons également l'établissement d'un contrôle à la frontière russo-ukrainienne et le rétablissement de la souveraineté de l'Ukraine sur ses frontières avec une surveillance permanente de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Enfin, nous insistons sur la mise en place d'une zone tampon de sécurité des deux côtés de la frontière".

Le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a toutefois déclaré que le Kremlin n'était "pas au courant de ces exigences". D'après lui, tant que la Maison blanche ne prononce pas de déclaration officielle, les autorités russes ne feront aucun commentaire à ce sujet. Dmitri Peskov a même ajouté: "Nous n'accepterons aucune condition (des USA). Nous n'en avançons à personne et attendons qu'on agisse de même avec nous. La Russie fait tout son possible pour contribuer au processus de paix en Ukraine. Et nous regrettons que beaucoup de nos partenaires étrangers ne fassent pas de même et entreprennent, au contraire, des démarches menant à la déstabilisation".

Sur l'efficacité des sanctions contre la Russie >>

Une source du ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que Moscou n'avait pas l'intention de négocier avec Washington un assouplissement des "restrictions illégales" adoptées contre la Russie. Le président du comité pour les affaires étrangères du Conseil de la Fédération Mikhaïl Marguelov a également annoncé que la Russie n'avait pas l'intention de discuter des conditions d'annulation des sanctions américaines. "Nous considérons ces sanctions, qui n'ont pas été adoptées via l'Onu mais sur décision unilatérale, comme illégitimes et allant à l'encontre du droit international. Il n'y a rien à discuter", a souligné le sénateur.

La création d'une "zone tampon de 10 km entre la Russie et l'Ukraine" faisait partie du plan de paix du président ukrainien Piotr Porochenko annoncé le 20 juin dernier. Selon le service de presse présidentiel, cette idée a été soutenue par le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon. Selon le chef adjoint de l'administration du président Porochenko, cette initiative visait à combattre plus efficacement le passage illégal de la frontière des mercenaires et du matériel militaire. Les experts ukrainiens pensent que cette idée avait également un autre objectif. "La mise en place d'une zone tampon simplifierait la tâche de l'armée ukrainienne dans le cadre de son "opération antiterroriste". Kiev voulait ainsi repousser les forces des républiques de Lougansk et de Donetsk autoproclamées de la frontière russo-ukrainienne, les privant ainsi d'appui-feu et les encerclant dans un chaudron", explique l'expert ukrainien Igor Levtchenko.

D'après le général de réserve Evgueni Boujinski, vice-président du Centre PIR, les exigences américaines sont très floues. "On ignore où cette zone tampon doit être établie – le long de toute la frontière ou sur une partie seulement? Qui sera chargé de son contrôle? Quelle doit être sa profondeur? Comment les Américains pensent-ils instaurer ce régime sur un territoire frontalier densément peuplé?", énumère l'expert. "Quoi qu'il en soit, ces exigences sont inacceptables pour Moscou d'après moi. Au fond c'est une atteinte à la souveraineté. Même si la Russie cédait aux exigences des USA, ces derniers en avanceraient forcément d'autres. Il ne vaut mieux pas entrer dans ce jeu", conclut-il.

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