D'après le service fédéral des douanes, les importations de produits alimentaires et de matières premières pour transformation en Russie se sont réduites de 13,1% par rapport au mois de juillet pour atteindre 2,5 milliards de dollars, écrit mercredi le quotidien Novye Izvestia.
Par rapport à la même période en 2013, on constate une baisse des importations de légumes de 73,2%, de produits laitiers (-56,1%), de céréales (-37,9%), de fruits (-32,4%), de poisson (-27,3%), de viande et d'abats comestibles (-17,4%). Cette réduction est la conséquence de l'embargo instauré par la Russie sur les importations de produits alimentaires de l'UE, des USA, du Canada, de Norvège et d'Australie. Au final, les prix des produits alimentaires au détail ont augmenté, parfois de manière très importante dans certaines régions.
Début août, la Russie a interdit l'importation d'une longue liste de produits en provenance des USA, de l'UE, d'Australie, du Canada et de Norvège. L'embargo interdit pour une durée d'un an l'importation de fruits, de légumes, de poisson, de viande et de produits laitiers en provenance de ces pays. D'après le service fédéral des douanes de Russie, la somme des produits concernés par l'embargo dépasse 9 milliards de dollars.
Après l'adoption de l'embargo, les tarifs des produits alimentaires ont rapidement augmenté en Russie - la viande étant la plus touchée. Selon le service fédéral antimonopole, qui recueille grâce à un numéro vert les plaintes des habitants au sujet de l'augmentation du prix des produits alimentaires, au cours des deux dernières semaines d'août la hausse des prix de la volaille a augmenté de 23%, du porc de 30% et du bœuf de près de 40%. Dans certaines régions d'Extrême-Orient le prix du poulet a augmenté de 60%, selon l'Association nationale des producteurs de viande. En deuxième position des produits alimentaires dont le prix a augmenté on retrouve les fruits et légumes - kiwi, raisin, pommes, pêches, citrons - suivis par le lait et les produits laitiers, essentiellement le fromage et le beurre.
Les sanctions n'ont pas touché uniquement le portefeuille des consommateurs ordinaires, mais aussi le travail des entreprises. En particulier, l'usine de poisson de Mourmansk a dû suspendre son travail suite à l'interdiction des importations de poisson norvégien. La compagnie a même saisi le tribunal pour exiger de reconnaître l'illégalité du décret du gouvernement russe sur les sanctions alimentaires.
Elena Tiourina, directrice de l'Institut de marketing agraire, a expliqué qu'en Russie les marchés les plus dépendants des importations étaient ceux des fruits et légumes et des produits laitiers. "Après l'adoption des sanctions ils se sont naturellement réduits – pommes, poires, prunes et d'autres fruits d'Europe ont disparus des rayons russes. Les importations de produits laitiers se sont essentiellement réduites en provenance de Finlande et des Etats baltes", a-t-elle souligné.
Selon l'experte, dans les deux mois consécutifs aux sanctions les réseaux commerciaux doivent trouver de nouveaux fournisseurs pour éviter une pénurie de produits et de nouvelles augmentations de prix. "Actuellement, l'offre des produits d'origine russe augmente de manière saisonnière – principalement des fruits et des légumes. Cette période s'achèvera en octobre et il faudra en importer. Le remplacement des fournisseurs étrangers par les légumes locaux ne se fera pas avant l'année prochaine, et il faudra attendre 2 à 3 ans pour substituer les importations de lait. D'ici là la Russie devra continuer à acheter des produits alimentaires dans d'autres pays", explique Elena Tiourina. Il ne faut donc pas s'attendre à une baisse des prix dans un avenir proche.
