Deux mouvements palestiniens au bord du conflit

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Les Palestiniens sont au seuil d'un grave conflit, voire d'une guerre civile, écrit mardi le quotidien Novye Izvestia.

Les Palestiniens sont au seuil d'un grave conflit, voire d'une guerre civile, écrit mardi le quotidien Novye Izvestia.

Le mouvement islamiste du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et le Fatah considéré comme laïque (qui dirige la Cisjordanie), ont échangé de vives attaques.

Le chef du Fatah Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a annoncé samedi qu'il était prêt à renoncer à participer au gouvernement de coalition formé par les membres du Fatah et du Hamas en avril dernier. Il n'est pas satisfait de voir que la bande de Gaza élabore ses relations avec Israël sans tenir compte de l'avis des partenaires de la coalition.

Le leader du Hamas Khaled Mechaal a réagi dimanche aux propos d'Abbas, reprochant à ce dernier d'avoir dit, dans plusieurs interviews, que les membres du Fatah ne voulaient pas "prendre conjointement de décisions sur la guerre et la paix". Hamas Khaled Mechaal a ainsi laissé entendre qu'il continuerait à agir sans tenir compte de l'opinion d'Abbas. Cet échange d'attaques met en évidence les profondes divergences entre les deux mouvements, dues à une tactique différente d'approche avec Israël, ainsi qu'au poids des contradictions accumulées.

Désormais, les deux organisations ne sont plus divisées sur le seul plan idéologique, mais aussi financier. Pendant longtemps le Hamas a gagné en popularité auprès des Palestiniens avec une image de "combattants pour l'idée", financièrement irréprochables. Pendant des années l'organisation rappelait que Yasser Arafat, le leader du Fatah qui a voyagé pendant des décennies à travers le monde avec la main tendue, a récolté des milliards de dollars qu'il avait placés à son nom dans des banques, sans pratiquement rien dépenser pour les arabes palestiniens. La majeure partie de sa fortune a été héritée par sa jeune veuve Souha Arafat. En même temps le Hamas, pas très riche à l'époque d'Arafat, n'avait pas beaucoup de moyens financiers mais selon les programmes sociaux de cette organisation, même les citoyens les plus démunis percevaient de l'argent.

A partir de 2007, quand le Hamas a exécuté de nombreux membres du Fatah et s'est emparé du pouvoir dans la bande de Gaza, la situation a brusquement changé. L'ancien conseiller d'Arafat Ahmed Bakai a déclaré que les leaders actuels du Hamas étaient les nouveaux-riches du monde arabe avec des fortunes de plusieurs milliards de dollars. D'après lui, la direction du Hamas s'est enrichie non seulement grâce à son fidèle sponsor - le Qatar - mais aussi en faisant de la contrebande et du commerce de terrains sur la côte méditerranéenne par des personnes interposées.

Le colonel israélien de réserve Moshe Elad souligne que les leaders du Hamas ont commencé à s'enrichir au moment où ils ont, soudainement, décidé de se distancer de toutes les autres organisations palestiniennes. Le colonel Elad estime que la majeure partie de l'argent est arrivée dans les poches du Hamas grâce aux transactions illégales réalisées par les tunnels qui mènent en Egypte, par lesquels la bande de Gaza reçoit un grand nombre de marchandises, des armes aux voitures. La revue arabe Asharq Al-Awsat a récemment rapporté qu'au moins 600 millionnaires vivaient à Gaza, et que tous étaient des contrebandiers.

Les hauts fonctionnaires du Hamas prélèvent 25% d'"impôt" et prélèvent une commision d'au moins deux mille dollars pour chaque voiture envoyée d'Egypte par les tunnels. Sachant que la plupart des habitants de Gaza ne peuvent que rêver d'un revenu moyen. Dans ces conditions, le Hamas ne voudra certainement pas partager le moindre pouvoir dans la bande de Gaza avec le Fatah: c'est la seule garantie que les revenus du Hamas continueront à augmenter. Par conséquent, l'hostilité entre les deux mouvements est partie pour durer.

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