Ukraine: Porochenko poussé à instaurer la loi martiale

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Le ministre ukrainien de la Défense Valeri Gueleteï estime que l'Ukraine doit se protéger de toute urgence contre son voisin la Russie, rapporte mercredi le quotidien Rossiiskaïa Gazeta.

Le ministre ukrainien de la Défense Valeri Gueleteï estime que l'Ukraine doit se protéger de toute urgence contre son voisin la Russie, rapporte mercredi le quotidien Rossiiskaïa Gazeta.

Il a déclaré que la Russie "cherche à s'affirmer dans les zones occupées par des terroristes, mais également à lancer une offensive contre d'autres territoires ukrainiens". Dans le texte qu'il a publié sur sa page Facebook, il affirme même que la Russie aurait brandi la menace nucléaire contre l'Ukraine.

"J'ai du mal à croire que cette déclaration vienne d'un ministre de la Défense d'un Etat civilisé. Sinon, je ne comprends tout simplement pas comment des dizaines de milliers de familles ukrainiennes ont pu confier à ce haut fonctionnaire la vie de leurs enfants, frères et maris mobilisés dans l'armée ukrainienne pour une guerre fratricide dans leur propre pays", peut-on lire dans le commentaire de la diplomatie russe.

Les utilisateurs des réseaux sociaux et les experts sont encore plus sévères. "On a l'impression que cet homme n'est pas de ce monde, qu'il a débarqué en Ukraine depuis Mars." Ce commentaire décrit parfaitement le modèle de conduite de Gueleteï au cours de son bref mandat à ce poste. Car c'est ce ministre qui promettait d'organiser un "défilé de la victoire en Crimée" en prenant ses fonctions. C'est Gueleteï qui a "signé" son serment avec un stylo sans enlever son capuchon. Dans l'ensemble le séjour au pouvoir de Gueleteï, qui a envoyé dans le Donbass des milliers de soldats qui venaient d'être appelés, peut être qualifié de fantasmagorique.

Dans les rangs de ces "dirigeants débarquant de Mars" et détachés de la réalité, on peut également inscrire les porte-paroles militaires de Kiev, le représentant du Conseil ukrainien de sécurité nationale et de défense Andreï Lyssenko, ainsi que le rédacteur du site de Dmitri Timtchouk. Ce sont ces informateurs qui évoquent cyniquement tous les jours la "guerre victorieuse contre les terroristes" dans le sud-est du pays et qui présentent à la population ukrainienne une interprétation erronée des événements dans le Donbass à l'avantage de la junte actuelle. En croyant aux mensonges à la télévision et sur internet, la population ignore les horribles bombardements de Donetsk, de Lougansk et de dizaines d'autres villes par leurs propres "guerriers" et lance-roquettes multiples Grad. La population ignore tout des centaines de femmes, de vieillards et d'enfants tués par des obus de divers calibres. Des milliers de soldats tués dans des "chaudrons". Des villages et des villes d’où fuient tous les jours les punisseurs. Enfin, elle ignore que ce n'est pas la Russie qui combat dans le sud-est, mais des habitants ordinaires du Donbass qui défendent leur droit de vivre sur leur terre libérée.

Kiev se questionne sur l'instauration de la loi martiale. C'est du moins ce que le radical Oleg Liachko et Ioulia Timochenko, loin dans l'ombre politique, appellent Porochenko et ses collaborateurs à faire. Les prochaines élections promettent d'être un échec pour Timochenko. Le Conseil de sécurité nationale et de défense a refusé la semaine dernière d'instaurer la loi martiale, prétextant qu'entre autres l'Ukraine perdrait ainsi le droit de recevoir une assistance militaire de l'extérieur. D'autant qu'il faudrait également tirer un trait sur les législatives, sur lesquelles comptent Porochenko pour se doter d'un parlement favorable. Enfin, en cas d'échec définitif de l'opération dans le sud-est, reconnaissant ainsi mener une guerre et non une opération antiterroriste, Porochenko serait personnellement responsable de la défaite - ce qui le mènerait à un échec politique imminent.

Mais cette semaine déjà, les chefs de certaines fractions ont à nouveau appelé le président ukrainien à instaurer la loi martiale. Le leader du mouvement néonazi Svoboda (Liberté) Oleg Tiagnibok a confirmé que Porochenko réfléchissait à la question. Pour le parti Patrie et les radicaux, c'est une occasion de plus de marquer des points dans la "guerre jusqu'à la victoire électorale". Cette variante n'est pas non plus dénuée d'avantages pour Porochenko: dans le contexte des échecs actuels sur le front de l'est, il est poussé à réfléchir, premièrement, à l'éventualité de reconnaître le Donbass comme un "territoire temporairement occupé" et, deuxièmement, sur fond de chute de la popularité des fascistes radicaux, au report éventuel des législatives.

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