Le Pakistan menacé par un coup d'Etat

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Le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif doit tenir aujourd'hui un discours devant le parlement, écrit mardi le quotidien Novye Izvestia.

Le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif doit tenir aujourd'hui un discours devant le parlement, écrit mardi le quotidien Novye Izvestia.

Son allocution est destinée à montrer qu'il n'a pas perdu le contrôle de la situation dans les grandes villes du pays. Mais rares sont ceux qui le croiront. Des affrontements violents ont eu lieu hier dans la capitale, Islamabad, entre les forces de l'ordre et les opposants, qui exigent la démission du premier ministre Sharif, de son gouvernement, et l'organisation d'une élection anticipée. Pourquoi? La réponse est habituelle au Pakistan: corruption et fraudes aux élections.

Pour parer l'offensive des manifestants contre la résidence du premier ministre en plein centre d'Islamabad, la police a dû faire usage de gaz lacrymogène dimanche. Les opposants ont alors pris d'assaut le siège de la chaîne nationale PTV. Les opérateurs ont eu le temps de diffuser les images où l'on voyait la foule pénétrer dans le bâtiment, après quoi l'écran s'est éteint. Les forces de l'ordre ont réussi à en expulser les membres de l'opposition seulement hier.

Les affrontements entre les manifestants, sous l'égide du politicien Imran Khan et du religieux charismatique Tahir ul-Qadri, d'une part, et les forces de l'ordre de l'autre, se sont poursuivis lundi. Fidèles à leur promesse, les opposants s'attaquent à la "zone rouge" où, hormis la résidence de Sharif, se trouve le parlement, les ministres et la plupart des ambassades.

Les émeutes ne sont pas rares au Pakistan. Mais le pays n'avait pas connu de protestations à cette échelle depuis longtemps. Les premières actions ont commencé le 15 août, relativement pacifiques au départ, et se limitaient à des sit-ins dans la "zone rouge". Mais depuis samedi dernier, au moins trois personnes ont été tuées dans les affrontements avec la police et plus de 1 500 ont été blessées. On compte également des dégâts chez les policiers, le chef de la police d'Islamabad et un autre officier de haut rang ont été légèrement blessés.

Manifestations\: comment compter les participants

Les opposants agissent de manière indépendante, adoptant même parfois des tactiques différentes, ce qui joue pour l'instant en faveur du gouvernement. Imran Khan, ancien joueur de cricket devenu homme politique et à la tête du parti Mouvement du Pakistan pour la Justice, appelle constamment ses partisans à éviter la violence, mais en vain. Alors qu'ul-Qadri affirme que tous les moyens sont bons pour atteindre l'objectif.

Nawaz Sharif est arrivé au pouvoir l'an dernier. Pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, la passation de pouvoir s'est déroulée démocratiquement et pacifiquement, sans l'intervention de l'armée. La première année de son mandat s'est avérée difficile. Il n'a pas réussi à vaincre le chômage de masse et la corruption, ni même les réduire. Au final, le premier ministre a même des opposants au sein de son propre parti, la Ligue musulmane du Pakistan.

 

Hormis le morcellement de l'opposition, Sharif est également aidé, du moins pour l'instant, par le fait que les Pakistanais, aussi bien en province que dans les grandes villes, sont fatigués des manifestations, des coups d'Etat, des élections et d'autres cataclysmes politiques et sociaux. Bien qu'environ 30 000 personnes participent aux manifestations à Islamabad, le chiffre n'est pas si élevé pour ce pays de 180 millions d'habitants. La grande majorité de la population reste relativement calme. L'armée n'a pas encore dit son mot, sachant qu'elle avait pris le pouvoir à plusieurs reprises dans des circonstances similaires dans l'histoire du pays. A l'heure actuelle, les militaires conservent une neutralité favorable à Nawaz Sharif.

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