Le Groupe pour l'action européenne de la République de Moldavie s'est réuni hier à Chisinau en présence des 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE, écrit mardi 2 septembre le quotidien Kommersant.
Cette rencontre coïncide avec l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'UE et la Moldavie. Les experts soulignent la nature clairement électorale de l'événement: les législatives moldaves sont fixées au 30 novembre, dans un contexte d'opposition entre les partisans de l'intégration eurasiatique d'une part, et européenne de l'autre.
Les ministres européens des Affaires étrangères et les diplomates de rang inférieur se sont réunis à Chisinau à l'initiative de la Roumanie. Bucarest, qui se positionne depuis longtemps comme l'"avocat en chef" de la Moldavie en UE, l'a encore rappelé. "C'est la première fois qu'une réunion d'une telle envergure se déroule à Chisinau. Nous avons réussi à persuader les ministres européens de l'organiser", a déclaré le ministre roumain des Affaires étrangères Titus Corlatean.
La raison formelle de la réunion du Groupe pour l'action européenne de la République de Moldavie était le début de l'application temporaire de l'accord d'association, signé fin juin entre Bruxelles et Chisinau. A compter du 1er septembre les parties ont commencé à mettre en application cet accord – pour l'instant sur la création d'une zone de libre-échange, bien qu'en UE il soit ratifié seulement par la Bulgarie, Malte, la Lettonie, la Lituanie et la Roumanie.
Le soutien des diplomates européens est plus pertinent que jamais pour Chisinau. A la veille de leur visite, les taxes douanières adoptées par le gouvernement russe le 31 août sur les marchandises moldaves sont entrées en vigueur. En juillet, Moscou avait interdit l'importation des fruits et conserves de fruits et légumes de Moldavie, entraînant de sérieux problème pour cette dernière – ce pays agraire écoulait entre 80 et 90% de ses produits agricoles sur le marché russe.
Dans ces conditions, il est crucial pour les autorités moldaves prooccidentales de montrer à la population du pays que l'UE n'abandonnera pas la république à ses problèmes, notamment à l'approche des législatives prévues le 30 novembre, dans un contexte d'opposition entre les partisans de l'intégration eurasiatique d'une part, et européenne de l'autre. L'opposition de gauche prône la réorientation de l'Ouest vers l'Est, cherchant à soulever les fermiers touchés par l'embargo russe et les régions prorusses du pays, comme la Gagaouzie.
L'expert Roman Mihaes voit dans la visite des chefs de la diplomatie européenne un élément géopolitique important: "Je l'associe aux événements en Ukraine. L'UE voudrait montrer à la Russie, à l'Ukraine et à la Moldavie qu'elle n'abandonne pas ses partenaires en détresse et qu'elle a l'intention de les aider". Le politologue Bogdan Cyrdja pense également que la réunion des ministres européens à Chisinau est une "démarcation géopolitique du territoire". "De plus, en prévision des législatives, l'UE montre aux électeurs qu'elle soutient ce gouvernement", explique le politologue. Toutefois, d'après lui, ces gestes sont excessifs. "Les visites des hauts fonctionnaires européens en tout genre se sont enchaînées ces derniers temps, ce qui a dévalué leur importance. Personne n'attend plus de résultats concrets de ces réunions depuis longtemps", dit-il.
