L'attitude antirusse, bientôt un critère de sélection pour diriger l'UE?

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Les dirigeants des 28 Etats membres de l'Union européenne se réunissent samedi à Bruxelles pour une session spéciale afin de préparer le prochain sommet européen, écrit vendredi 29 août le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les dirigeants des 28 Etats membres de l'Union européenne se réunissent samedi à Bruxelles pour une session spéciale afin de préparer le prochain sommet européen, écrit vendredi 29 août le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'Ukraine sera à l'ordre du jour et le président Piotr Porochenko a été convié à cette réunion. L'UE doit également s'occuper de la crise économique, avec une récession croissante en France et Italie, le déficit budgétaire, les dettes, etc.

La tâche principale sera, enfin, de coordonner le triumvirat dirigeant. Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a déjà été choisi pour présider la Commission européenne, mais il reste à déterminer qui sera à la tête du Conseil européen, et qui occupera le poste de Haut représentant des affaires étrangères et de la politique de sécurité. La distribution des 25 portefeuilles restants de la commission de Bruxelles pourra alors commencer.

Les différends sont inévitables car les candidatures proposées reflètent des notions politiques, économiques et partisanes divergentes. David Cameron semble vouloir jouer, comme en juillet, le fauteur de troubles. Le Premier ministre britannique a soudainement proposé mercredi la candidature de son homologue polonais Donald Tusk pour présider le Conseil européen. On ignore si ce dernier était d'accord ou la présence de contacts en coulisses à ce sujet. Les avis divergent sur la candidature du diplomate européen numéro 1, ainsi que d'autres figurants proposés aux postes de commissaires.

José Manuel Barroso, qui se trouve encore à la tête de la Commission européenne, n'a pas manqué d'évoquer jeudi à Berlin les principaux aspects du sommet avec Angela Merkel, qui est toujours consultée sur les questions fondamentales en UE. La requête britannique est loin d'être simple pour la chancelière. Si Tusk ne convient pas, il est difficile de l'exprimer ouvertement dans le contexte complexe des relations germano-polonaises. Aller au conflit avec Cameron comme au sommet précédent à cause de Juncker n'est pas non plus la meilleure solution. En même temps, les Allemands et d'autres partenaires de l'UE sont forcément méfiants par rapport aux motivations de Londres. Le Times a apporté des éclaircissements hier: "Le premier ministre polonais est bien celui qui réussira à durcir la position de l'Union européenne vis-à-vis de la Russie".

Dans le contexte de la crise ukrainienne et de l'activation du bloc de l'Otan, les affirmations de Juncker selon lesquelles les membres de la Commission européenne seront sélectionnés en fonction de leurs compétences, expérience politique et impartialité sont remises en question. Du moins, certains milieux seraient partants pour appliquer également le "critère antirusse" à la candidature du chef de la diplomatie de l'UE. Rome fait tout pour que ce poste revienne à la ministre italienne des Affaires étrangères Federica Mogherini. Les doutes initiaux concernant son appartenance au camp socialiste ont cédé la place aux critiques d'un autre ordre dans la presse conservatrice après sa visite à Moscou. Ainsi, le londonien Financial Times s'oppose à la nomination de Mogherini car elle "reflète la volonté de l'Italie d'amadouer et de plaire au Kremlin, au lieu d'entrer en confrontation avec ce dernier".

Le sommet du 30 août nous dira si cela aura eu son effet à Bruxelles ou si les intérêts de la cause prendront le dessus. Quant au président du Conseil européen, beaucoup d'imprécisions demeurent. L'hebdomadaire allemand Spiegel a rapporté que le spectre politique socio-démocrate de l'UE avait renoncé à ce poste qu'on prédisait à la première ministre danoise Helle Thorning-Schmidt. Cette question pourrait à nouveau être reportée. Les chances de Federica Mogherini sont encore "prometteuses", même si d'autres figurants pourraient sortir des coulisses bruxelloises, tout comme sur la question du chef de la diplomatie. Radoslaw Sikorski, proposé par Varsovie, n'est plus en lice - étant impliqué dans le scandale des écoutes. L'Italienne, elle, est soutenue par le premier ministre Matteo Renzi qui coordonne activement la ligne du sommet avec le président français François Hollande.

Quant à Paris, il promeut la candidature de son ex-ministre des Finances Pierre Moscovici au poste de commissaire aux Affaires économiques et monétaires dans l'espoir d'obtenir davantage d'influence sur le programme de la croissance et de lutte contre le chômage. Le candidat français ne convient pas à Berlin, qui estime que Moscovici n'arrivera pas à dompter le déficit français. L'Allemagne propose à nouveau d'intégrer la Commission européenne le commissaire à l'énergie actuel Günther Oettinger, que toutefois la chancelière voudrait "projeter" dans la politique commerciale de l'UE ayant en vue les négociations sur la zone de libre-échange transatlantique. Londres suggère le leader des conservateurs à la Chambres des lords Jonathan Hill. On s'attend à une présence plus importante de socialistes dans sa nouvelle composition étant donné que ces partis dirigent aujourd'hui davantage de gouvernements qu'à l'époque de la constitution de la Commission de l'UE il y a cinq ans.

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