La Russie a besoin d'un miracle économique

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L'UE vient d'adopter de nouvelles sanctions contre la Russie. Iakov Mirkine, expert de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales, explique au quotidien Rossiïskaïa gazeta comment ces mesures pourraient se répercuter sur l'économie mondiale.

L'UE vient d'adopter de nouvelles sanctions contre la Russie. Iakov Mirkine, expert de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales, explique au quotidien Rossiïskaïa gazeta comment ces mesures pourraient se répercuter sur l'économie mondiale.

Il faut distinguer l'impact à court et à moyen terme de ces sanctions. L'effet à court terme est relativement faible. Les sanctions sont élaborées de manière à n'affecter en aucun cas les livraisons de pétrole et de gaz en Europe, ni le paiement de ces transactions. Les revenus monétaires qui soutiennent le fonctionnement des finances russes sont donc maintenus.

Selon l'agence fédérale des statistiques Rosstat, l’excédent commercial russe a pratiquement atteint 100 milliards de dollars sur la période janvier-mai 2014, soit une hausse de 10%. Les entreprises ont donc les moyens de rembourser leurs prêts en devises.

Les grandes compagnies ont trop activement emprunté des devises. Le système financier russe a été artificiellement retenu à un niveau trop réduit, provincial. Il existe aujourd'hui un prétexte pour s'en occuper: il vaut mieux renflouer l'économie avec de l'argent, des crédits, réduire le taux d'intérêt, assainir prudemment le rouble (il est surestimé actuellement), renforcer les marchés financiers, lancer un ensemble de privilèges fiscaux pour ceux qui sont prêts à accroître la production. A long terme, il faut également envisager la réduction des importations, la croissance économique et les mesures visant la substitution des importations.

Merci à l'Occident pour ces sanctions: une bonne secousse s'imposait depuis longtemps. Mais tout cela ne pourra porter ses fruits que si les dirigeants réagissaient aux sanctions par une stimulation maximale de la hausse de la demande et de l'offre intérieures.

Les conséquences à long terme sont plus graves. La politique officielle de l'UE et des USA vise à évincer la Russie du marché des hydrocarbures en Europe. Ajoutez à cela le "boycott technologique"  et le blocage à long terme des canaux de financement extérieur et l'on voit que le défi sera difficile à relever. Nombre de secteurs économiques cruciaux dépendent à 50-80% des importations. Sur certains plans, la dépendance de la Russie envers les importations d'équipements, de technologies, de médicaments et des techniques de consommation a dépassé le seuil critique. Une grande partie des centres de recherche et des technologies de premier plan a été perdue.

C'est une période difficile qui s'annonce. Les dommages ne pourront pas être réparés en un an ou deux. Il pourrait y avoir des trêves provisoires avec les pays occidentaux. On pourrait faire quelques pas en arrière, mais les blessures infligées par les récents événements et sanctions sont profondes. La remontée de la Russie au même niveau d'intégration dans la communauté internationale pourrait demander 10 à 15 ans. Bien évidemment, si son économie se renforçait, elle se lancerait dans une modernisation de rattrapage, resterait un marché ouvert et pourrait améliorer le niveau de vie de la population. La Russie deviendrait plus honnête et éradiquerait la corruption.

Cette réalité n'est pas forcément du goût de tout le monde. Elle peut être appréciée de divers points de vue pour savoir qui a tort ou raison. Mais c'est la réalité.

Le processus d'adoption de sanctions s'étend dans le temps. Il concerne des aspects mineurs de l'économie mondiale et n'affecte pas les flux d'hydrocarbures de Russie – le principal facteur de stabilité de l'UE.

En revanche, si la concentration des risques politiques autour de l'Ukraine se poursuivait et que le conflit s'aggravait, la situation ne serait plus la même. Le pont d'hydrocarbures UE-Russie pourrait alors être touché. Ce qui entraînerait forcément des explosions d'instabilité financière et d'importantes tensions dans la structure économique de l'UE. L'Europe deviendrait alors l'épicentre d'une nouvelle crise économie et financière.

Les sanctions et les événements en Ukraine sont de la pure géopolitique. L'ordre mondial est toujours une lutte entre des parties. Un échiquier. Des empires disparaissent, d'autres se renforcent. Les uns repoussent les autres. Un monde multipolaire se met en place aujourd'hui et les pays sont dans une course acharnée pour leur sphère d'influence.  On ignore encore la répartition finale des forces. La réponse sera connue dans une dizaine d'années.

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