Les djihadistes irakiens en passe de créer leur propre Etat

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Le parlement irakien doit élire aujourd'hui le président et les deux vice-présidents du pays après que le vote a été repoussé hier, faute de consensus entre les députés, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le parlement irakien doit élire aujourd'hui le président et les deux vice-présidents du pays après que le vote a été repoussé hier, faute de consensus entre les députés, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Puis devrait suivre le vote sur la candidature du premier ministre. Après deux mandats, Nouri al-Maliki continue à prétendre à ce poste malgré l'opposition des sunnites, des Kurdes, mais aussi de nombreux chiites. La population est indignée par l'incapacité d'al-Maliki à stopper les djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui contrôlent déjà le nord et l'ouest de l'Irak et, selon certaines informations, pourraient bientôt prendre Bagdad. Le pays a besoin d'un gouvernement d'unité nationale de toute urgence.

L'EIIL devrait tenter de prendre Bagdad d'ici la fin du mois, a déclaré Jessica Lewis qui a servi en Irak pendant plusieurs années au profit des renseignements américains. Les bases militaires américaines près de Balad et Taji, au nord du pays, sont également vulnérables, ainsi que l'aéroport international de Bagdad – portail principal des fournitures de matériel militaire des USA. Selon l'expert, les djihadistes ne se contenteront pas de la moitié du territoire irakien ou de 35% du territoire syrien (déjà sous leur contrôle) et s'attaqueront à la Jordanie, au Liban et d'autres pays de la région. "L'EIIL n'est plus tant un groupe terroriste qu'une véritable armée", estime Jessica Lewis.

Jusque-là, la réaction des Etats-Unis au déchaînement de l'islamisme se limite à l'envoi en Irak de 700 spécialistes militaires, de quelques hélicoptères Apache et de drones. Mais la situation nécessite le lancement d'une vaste opération antiterroriste, selon des experts américains. "Ce n'est pas forcément aux troupes américaines de le faire, sur le champ de bataille, mais il faut que les alliés américains écarte l'EIIL des ressources qu'il contrôle et de l'économie qu'il dirige actuellement", ont précisé les experts.

"L'Occident ne doit pas s'ingérer militairement en Irak. Cela renforcerait significativement la base idéologique de l'EIIL", affirme Charles Cooper, expert de la fondation Quilliam de Londres. D'après lui, les djihadistes attendent justement cette intervention occidentale. Toute activité militaire entraînerait des victimes civiles et plus de civils seraient tués par des soldats américains, plus les positions de l'EIIL seraient solidifiées. Une telle campagne militaire jouerait un rôle considérable au profit la propagande islamiste. En outre, une intervention en Irak mais pas en Syrie renforcerait l'opinion selon laquelle les Etats-Unis agissent activement seulement là où il est question de leurs propres intérêts économiques.

Selon Stanislav Ivanov, expert à l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de Moscou (IMEMO) et de l'Institut d'études orientales, une intervention militaire des USA en Irak est peu probable. De plus, l'entrée de l'armée américaine en Irak irait à l'encontre de la ligne générale de l'administration Obama, visant la réduction de la présence militaire américaine dans les zones de conflit. "C'est un non-sens du point de vue militaire d'envoyer l'armée américaine en Irak. Une victoire rapide sur l'EIIL est peu plausible parce qu'il est impossible de bombarder des villes densément peuplées, au risque de nombreuses victimes civiles. D'autant que les terroristes disposent du matériel militaire russe et américain dernier cri, que certains sont des mercenaires et des volontaires qui ont servi dans l'armée américaine, otanienne, russe, géorgienne et ukrainienne. L'intervention américaine en Irak pourrait contribuer à la montée des mouvements islamistes à travers le monde et à de nouveaux attentats, y compris aux USA et en UE. C'est la raison pour laquelle ni les autorités américaines, ni les autorités irakiennes ne parlent aujourd'hui pas d'une intervention des USA en Irak", conclut l'expert.

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