Le Proche-Orient au bord du gouffre

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Les générations de terroristes islamistes se succèdent et continuent de sévir au Moyen-Orient, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les générations de terroristes islamistes se succèdent et continuent de sévir au Moyen-Orient, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les jihadistes-islamistes radicaux ont quitté les rangs d'Al-Qaïda, qui avait commencé son parcours sanguinaire par la guerre contre l'Armée soviétique, pour former la branche d'Al-Qaïda en Irak et combattre les Américains. Aujourd'hui, la troisième génération de terroristes sévit en Syrie et en Irak.

La cruauté d'Al-Qaïda en Irak et les exactions commises par les terroristes contre les civils ont même dressé les sunnites contre les jihadistes, alors même que ces derniers étaient venus les aider. Beaucoup de sunnites ont décidé que "l'Amérique était un mal, mais qu'Al-Qaïda était bien pire". Une alliance paradoxale est donc apparue entre les ennemis d'autrefois – les combattants sunnites et les militaires américains. Al-Qaïda en Irak a ainsi perdu du terrain mais la guerre en Syrie lui est venue en aide.

Rebaptisée État islamique en Irak et au Levant (EIIL), cette armée d'assassins sous les ordres d'Abou Bakr al-Baghdadi a traversé la frontière syrienne pour combattre Bachar al-Assad et d'autres groupes d'opposition, notamment modérés et prooccidentaux.

Aujourd'hui la situation en Syrie est plus favorable pour Assad. L'opposition modérée n'a pas réussi à obtenir les armes nécessaires de l'Occident et de l'Arabie saoudite. La crainte que ces armes tombent entre les mains d'Al-Qaïda empêche Obama d'agir.

L'Arabie saoudite, pour sa part, craint surtout que les terroristes d'al-Baghdadi, les enfants spirituels de Ben Laden, s'allient avec Al-Qaïda dans la péninsule arabique: cette organisation est une véritable épine dans le pied de Riyad.

Toutes ces nuances expliquent la position incertaine et double des États-Unis. Il faut sauver le régime irakien mis en place par les Américains, même si en dépit des attentes il est plutôt proiranien que proaméricain. Mais le soutien des chiites en Irak pourrait provoquer une forte vague de sentiments antiaméricains parmi les sunnites or sur 21 pays arabes – 20 sont sunnites. Même l'opposition syrienne "modérée", majoritairement sunnite, est découragée. Toutefois, si les négociations entre l'Iran et l'Occident sur le programme nucléaire aboutissaient à un accord définitif, l'Iran ne serait plus l'ennemi numéro 1 pour Washington, qui pourrait se résigner à ce qu'Assad reste au pouvoir à Damas. Surtout, les récents événements ont montré qu'il était un moindre mal pour l'Amérique comparé aux jihadistes sunnites.

Bref, tout le monde se retrouve dans une position compliquée – sauf Baghdadi et Assad, qu'on commence même à oublier sur fond des événements en Irak. Mais la Syrie - le cœur du monde arabe - et l'Irak sont tous les deux au bord du gouffre. Les différends accumulés pendant des siècles entre les sunnites et les chiites, couplés avec l'ascension de l'islamisme radical, s'avèrent plus forts que le modèle des "États-nations" établi dans l'Orient arabe par la Grande-Bretagne et la France après la Première Guerre mondiale.

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