Présidentielle en Afghanistan: une nouvelle crise profonde inévitable?

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Aucun candidat n'a reconnu les résultats des élections en Afghanistan. Ce refus pourrait pousser le pays vers une nouvelle crise profonde, particulièrement problématique dans le contexte du retrait de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS), écrit jeudi le quotidien Izvestia.

Aucun candidat n'a reconnu les résultats des élections en Afghanistan. Ce refus pourrait pousser le pays vers une nouvelle crise profonde, particulièrement problématique dans le contexte du retrait de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS), écrit jeudi le quotidien Izvestia.

Ashraf Ghani, ancien ministre des Finances du pays, a remporté les élections avec 56,44% des voix.  Son adversaire Abdullah Abdullah, ex-chef de la diplomatie afghane, n'a obtenu que 43,56% des suffrages.

Le chef de la commission électoral a d'ailleurs reconnu des violations des règles électorales et des problèmes techniques au cours de la présidentielle. Selon lui, la vérification des résultats pourrait changer ces chiffres.

Le retrait de la FIAS ne s'annonce donc pas facile. Le président américain Barack Obama a déjà annoncé que la mission de la FIAS en Afghanistan prenait fin et que la coalition internationale ne laisserait que 10 000 militaires des forces spéciales sur place afin de résoudre des problèmes locaux. Les troupes afghanes joueront donc désormais le rôle principal dans le domaine de la sécurité après la fin de la transition à la fin de l'année.

Le nouveau président ne devra pas faire face qu'à des problèmes de sécurité car le choix de tel ou tel candidat pourrait diviser le pays sur des bases ethniques.

D'après Omar Nessar, directeur du Centre d'études de l'Afghanistan contemporain, le deuxième tour de la présidentielle a été marqué par des divisions ethniques très importantes.

Ashraf Ghani, le vainqueur, est d'origine pachtoune. Son adversaire Abdullah Abdullah est demi-pachtoune et demi-tadjik, originaire du Pandjchir et partisan d'Ahmed Chah Massoud, leader de l'Alliance du nord et ministre afghan de la Défense en 1992-1996. Abdullah Abdullah est principalement considéré comme tadjik, représentant des minorités ethniques du nord.

"Les Pachtounes ayant en majorité voté pour un candidat et les Tadjiks pour un autre, cela pourrait provoquer une escalade des tensions interethniques et même des combats armés de grande envergure", estime Omar Nessar.

En outre, les minorités - les Tadjiks, les Ouzbeks, les Turkmènes, les Nouristani etc - sont au total plus nombreux que les Pachtounes.

"Les Pachtounes sont le peuple constituant du pays mais ne représentent que 45% de la population. Ils occupent principalement les régions du sud et du sud-est le long de la frontière pakistanaise. Les Tadjiks, deuxième peuple le plus important, habitent dans les régions du nord et du nord-est. Et le leader du pays doit réunir tous les peuples. Il lui faut se monter fort et indépendant face aux menaces extérieures et dans la lutte contre des groupes armés agressifs, notamment les Talibans", estime l'analyste politique Viatcheslav Nekrassov.

Aujourd'hui les Talibans contrôlent, selon les experts, de 40% à 60% du territoire afghan. Certains membres du mouvement sont représentés au parlement et possèdent un pouvoir réel. La lutte contre ces éléments constitue le troisième objectif du nouveau président.

Le vainqueur de la présidentielle Ashraf Ghani est diplômé de l'Université de Columbia aux États-Unis. Il a travaillé à la Banque mondiale et dirigé le bureau onusien de coordination de l'aide humanitaire pour l'Afghanistan. En 2006 l'Afghanistan avait présenté sa candidature pour succéder au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, mais il a été battu par le secrétaire actuel Ban Ki-moon.

Ashraf Ghani est favorable à une coopération avec les États-Unis et envisage de signer avec Washington un accord bilatéral en matière de sécurité.

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