Les Russes contre une intrusion de leur armée en Ukraine

© RIA Novosti . Andrei Stenin / Accéder à la base multimédiaNezavissimaïa gazeta
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Les pays-membres de l'Union européenne (UE) discuteront aujourd'hui à Bruxelles de nouvelles sanctions éventuelles contre la Russie, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les pays-membres de l'Union européenne (UE) discuteront aujourd'hui à Bruxelles de nouvelles sanctions éventuelles contre la Russie, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les sondages mettent en avant le nombre grandissant de Russes qui s'inquiètent de ces mesures punitives adoptées par l'Occident contre la Russie. De plus en plus de personnes sondées se prononcent également contre une intervention éventuelle des troupes russes au sud-est de l'Ukraine. La plupart des personnes interrogées s'opposent également au boycott des produits ukrainiens.

La télévision publique russe transmet sans interruption des informations sur la terreur des soldats de Kiev au sud-est de l'Ukraine, et l'opposition parlementaire organise des manifestations en appelant à s'ingérer dans les affaires de ce pays voisin. Tout cela n'empêche pourtant pas un changement de l'opinion publique au sujet des événements en Ukraine et des sanctions occidentales. D'après le Centre Levada, un tiers des Russes (31%) sont actuellement sûrs que ces mesures punitives contre la Russie touchent la population, tandis que 35% pensent qu'elles nuisent réellement à leurs intérêts. A la fin de mai le rapport était de 27% et 24% de citoyens.

De moins en moins de personnes interrogées (de 63% à 52%) estiment que les sanctions ne touchent qu'un cercle limité de personnes responsables de la politique russe envers l'Ukraine. La part de ceux qui soulignent que les sanctions visent directement ce groupe très limité atteint actuellement 35% (contre 42%). 55% des personnes sondées (60% il y a trois mois) sont certains que les mesures occidentales "ne toucheront en fin de compte que les hauts dirigeants, et que les citoyens ordinaires n'ont aucune raison de s'inquiéter". En outre, le nombre d'optimistes augmente: 43% des Russes espèrent que "tout se calmera et les relations reviendront à la normale". 

37% n'excluent pourtant pas une escalade des tensions dans les relations de Moscou avec ses partenaires occidentaux, ou même une reprise de la Guerre froide.

Hier, le Centre d'étude de l'opinion publique de Moscou (VtsIOM) a publié des données indiquant que la moitié des citoyens (49%) étaient contre le boycott des produits ukrainiens. Lundi, ce même centre de sondages a montré une augmentation rapide du nombre de Russes (66%) qui s'opposent à une entrée éventuelle des troupes en Ukraine. 33% affirment qu'il faut s'en abstenir à tout prix. Même un "massacre des civils au sud-est de l'Ukraine" ne constitue plus "une raison juste pour l'intervention militaire" que pour 18% des personnes sondées.  

Les Russes sont actuellement moins crédules face aux déclarations propagandistes de la télévision indiquant que l'Occident ne se décidera jamais à des sanctions plus sévères car cela pourrait porter un coup sérieux contre ses propres intérêts. Ce point de vue est partagé par 67% des personnes interrogées contre 75% en mars.

Tous ces chiffres témoignent d'un tournant dans l'opinion publique: les Russes sont désormais plus prudents quant à leurs estimations des événements au sud-est de l'Ukraine. Au vu de la popularité importante du président Vladimir Poutine, on peut considérer cette tendance comme un résultat de sa décision de révoquer du Conseil de la Fédération la demande d'approuver l'entrée des forces russes sur le territoire ukrainien. Ce rappel a été un signal fort destiné non seulement à l'Occident, mais aussi aux électeurs russes.

Lev Goudkov, directeur du Centre Levada, souligne ce changement de l'opinion publique. Selon lui, il y a aujourd'hui une angoisse concernant les actions occidentales et un sentiment d'un certain manque de justesse des dirigeants russes dans ce domaine: "Les gens craignent que la situation en Ukraine puisse devenir incontrôlable et n'ont aucune envie d'en porter la responsabilité. Ils reconnaissent l'existence de points faibles qui pourraient servir de fondement aux accusations de la Russie en matière d'agression, de provocation des désordres et de violation des normes du droit international".

La campagne anti-ukrainienne se poursuit et il n'a pas toujours de changement apparent dans l'attitude des citoyens envers l'Ukraine. Toutefois, "l'euphorie se dissipe lentement, on observe des doutes croissants, du scepticisme, de l'inquiétude et des pensées encore vagues: et si les citoyens devaient payer pour tout cela?" D'après Lev Goudkov, le Kremlin craint de nouvelles sanctions et prépare donc une stratégie de retrait: "Je pense qu'on verra bientôt une nouvelle phase de la stratégie du Kremlin qui prendra la forme d'un "Poutine pacificateur". Il obtiendra un soutien supplémentaire quand il rejettera la responsabilité russe dans ces événements sur la autorités de Kiev et agira en faveur de la prévention d'une catastrophe humanitaire".

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