Une nouvelle guerre en Irak

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L'offensive de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) sur Bagdad menace la survie du gouvernement en place et risque de diviser le pays suivant des lignes interconfessionnelles et interethniques (le nord kurde, l'ouest sunnite, le centre et le sud sunnite), écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'offensive de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) sur Bagdad menace la survie du gouvernement en place et risque de diviser le pays suivant des lignes interconfessionnelles et interethniques (le nord kurde, l'ouest sunnite, le centre et le sud sunnite), écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. L'EIIL fait partie des principales organisations extrémistes qui combattent en Syrie et succède à Al-Qaïda en Irak, qui a combattu contre les troupes américaines en 2003-2011. La guerre en Syrie a permis à l'EIIL de s'élargir et de s'armer. Aujourd'hui, elle concentre ses actions sur l'Irak, où l'on assiste à l'éloignement des sunnites du pouvoir - détenu par les chiites -, lui assurant un soutien dans les provinces sunnites au nord et à l'ouest du pays.

L'incapacité avérée de l'armée irakienne à contrer cette organisation terroriste est une surprise. C'est pourquoi le premier ministre Nouri al-Maliki s'est empressé de demander de l'aide au président américain Barack Obama. Le locataire de la Maison blanche a immédiatement envoyé en Irak 300 conseillers militaires et a exigé de ses partenaires d'engager des démarches pour rétablir la coopération avec les politiciens sunnites modérés. Sur son ordre, le secrétaire d'État américain John Kerry a convenu avec al-Maliki sur place, à Bagdad, de la formation d'un gouvernement d'unité nationale et de l'octroi du statut extraterritorial aux conseillers militaires d'ici le 1er juillet. Dans la capitale du Kurdistan irakien, il a persuadé les dirigeants locaux, qui sous couvert de la guerre étendent leur zone de contrôle, d'adhérer au gouvernement et de ne plus saper l'intégrité du pays.

L'ultimatum a été fixé au 1er juillet. D'abord, la composition du nouveau gouvernement devra être annoncée puis Barack Obama annoncera l'aide des États-Unis au profit de Bagdad pour faire face à l'EIIL. Le président s'est retrouvé dans une position inconfortable: il avait déjà annoncé la victoire en Irak et avait promis de mettre un terme à la participation des USA dans des guerres longues. Les Américains s'en souviennent, la plupart s'opposent à une nouvelle guerre, mais ils sont conscients qu'il faut "faire quelque chose". Comme en témoigne un sondage publié cette semaine.

Dans ces circonstances, Obama minimise publiquement l'ampleur de l'implication américaine à terme dans le conflit. Le président a laissé entendre qu'aucun soldat américain ne frôlerait le sol irakien, autrement dit qu'il n'y enverrait pas d'unités militaires. Les mêmes affirmations avaient été prononcées concernant la Libye et la Syrie. Mais il ne s'agit pas simplement de la vente ou de la fourniture d'armements: on attend des décisions au sujet de l'aide aux Irakiens avec des frappes aériennes – les drones, voire l'aviation. De plus, selon les experts, les "conseillers" ne se limiteront pas à l'instruction et aux recommandations mais organiseront plutôt la "désignation de cible" et c'est un rôle militaire. On avait observé la même chose en Afghanistan, où les troupes de l'Alliance du Nord avaient libéré Kaboul des talibans avec le soutien des avions américains.

Quoi qu'il en soit, il s'agira de la troisième guerre en Irak avec l'implication américaine. Et il est fort probable qu'elle dure. Dans ce sens, il convient de noter que les pays occidentaux ont encore marché sur le même râteau en coopérant avec les jihadistes en Syrie. Leur collaboration tactique avec les combattants islamistes, même indirecte, que ce soit en Afghanistan, en Libye ou encore en Syrie, se retourne coup sur coup contre leur propre sécurité. Les terroristes ayant acquis une expérience au combat dans les opérations en Syrie se dispersent déjà en Europe et sur d'autres continents.

L'Irak a fait l'objet d'une invasion par d'importantes forces terroristes, capables de se réfugier à nouveau sur le territoire syrien si besoin. Par conséquent, l'arrêt définitif des invasions d'extrémistes en Irak n'est possible qu'en éliminant le foyer de terrorisme qu'est la guerre en Syrie, et non grâce aux raids aériens. Or cela nécessitera des efforts pour trouver une solution politique, ce qui implique la cessation de l'envoi des combattants, de leur financement et de leur approvisionnement en armes.

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