Des drones sous-marins (gliders ou encore planeurs) d'une autonomie maximale de 90 jours seront développés d'ici deux ans pour la marine russe, écrit jeudi le quotidien Izvestia. D'après le cahier des charges, les premiers modèles seront construits d'ici 2017 pour le ministère de la Défense. Les gliders furtifs pourraient devenir des analogues des drones de reconnaissance pour transmettre les informations opérationnelles à toutes les unités de la marine.
Les planeurs sous-marins se déplacent sans hélice. L'appareil, qui fait penser à une torpille, est muni d'un compartiment hermétique séparé en deux parties. La première partie contient de l'air, l'autre est remplie avec du liquide comprimant l'air avec l'ouverture de la soupape. La réduction du volume d'air permet d'immerger le glider et inversement. En fonction de sa structure, l'engin sera guidé par des ailerons ou grâce au ballast à l'intérieur de la coque.
L'appareil se déplacera à 2 km/h et sa consommation d'énergie sera faible, permettant au glider de fonctionner en autonomie pendant plusieurs mois.
Le ministère de la Défense souhaite obtenir un appareil capable de travailler jusqu'à 300 mètres de profondeur, se déplaçant à 0,3-0,5 m/s et pendant 90 jours sans recharger ses batteries. Le drone pourra embarquer jusqu'à 7 kg d'équipements pour recueillir des informations et sera muni d'un module GLONASS. L'appareil pourra être contrôlé à distance jusqu'à 15 km.
Evgueni Tatarenko de l'Université technique Gagarine de Saratov (SGTU) a déclaré que la SGTU avait déjà mené les essais d'un glider à échelle réduite dans la Volga et d'un appareil plus grand débuteront en automne.
"La marine a témoigné de son intérêt pour notre glider, bien qu'aucun accord n'ait encore été signé. Les essais de l'engin, à 1 km de profondeur, sont prévus pour septembre", explique Evgueni Tatarenko.
Le représentant de l'entreprise de technologies sous-marines Oceanos Boris Gaïkovitch a rappelé que les gliders existent à l'étranger depuis la fin des années 1980 avec les projets commerciaux américains et norvégiens, ainsi que les projets militaires américains et franco-allemands.
"En dix ans les appareils autonomes se sont transformés sous nos yeux de produits exotiques en projets commerciaux à succès. Mais leur développement a été lancé par la marine américaine, qui a eu besoin des gliders pour la reconnaissance et la surveillance à long terme. Ces engins sont conçus comme un élément supplémentaire de la flotte pour la reconnaissance", souligne Boris Gaïkovitch.
L'ex-commandant de l'état-major de la marine Viktor Kravtchenko pense que les gliders seront utilisés de la même manière par la marine russe.
"Ces appareils peuvent servir à surveiller la situation – les navires et les sous-marins qui passent. Les données recueillies seront analysés par un centre sur le littoral. La reconnaissance de l'océan est également une priorité pour la marine – la salinité de l'eau, sa température, les courants, les canaux sonores à diverses profondeurs", a expliqué Viktor Kravtchenko.
Le vice-amiral à la retraite Vladimir Zakharov, au contraire, ne voit aucune perspective dans l'utilisation de tels engins. D'après lui, le matériel piloté à distance se trouve à l'étape initiale de développement dans l'armée russe et le milieu marin comporte de nombreux imprévus.
"Ils n'ont pas encore leur place au sein de la marine. Nous n'avons pas encore atteint le niveau nécessaire, les drones commencent seulement à être utilisés dans les airs, alors que les problèmes sous l'eau sont bien plus nombreux. Les navires peuvent être identifiés par un sonar, sans utiliser de tels engins", estime l'expert.
Boris Gaïkovitch pense que le coût de gliders dans le cadre d'une production en série réduite pourrait s'élever à 100 000 dollars pièce. 161,7 millions de roubles, soit environ 3,5 millions d'euros, sont alloués au développement de l'appareil pour la marine russe.
