L'offensive des islamistes en Irak pourrait rapprocher les USA et l'Iran

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La situation en Irak continue de s'aggraver: les combattants du mouvement extrémiste sunnite « État islamique en Irak et au Levant (EIIL) », qui luttent contre le gouvernement chiite du pays, ont poursuivi hier leur progression vers le sud, écrit mercredi le quotidien Vedomosti.

La situation en Irak continue de s'aggraver: les combattants du mouvement extrémiste sunnite « État islamique en Irak et au Levant (EIIL) », qui luttent contre le gouvernement chiite du pays, ont poursuivi hier leur progression vers le sud, écrit mercredi le quotidien Vedomosti. Les affrontements avec les forces gouvernementales ont éclaté près de la ville de Baakouba, la capitale de la province de Diyala. Il n'existe pas de ligne de conflit nette entre l'armée et les combattants, selon un communiqué publié hier par le ministère russe des Affaires étrangères: les combats surviennent de manière aléatoire entre Mossoul (prise la semaine dernière) et Taji, à 120 km au nord de Bagdad. Les combattants de l'EIIL poursuivent également leurs opérations sur le territoire syrien, où ils contrôlent la ville de Racca.

L'offensive des extrémistes a commencé il y a six mois. Parmi les premières villes prises: Fallouja à 60 km de Bagdad dans la province d'al-Anbar, où se trouvent les principales bases de l'EIIL. La prise de Mossoul a assuré des rentrées d'argent et de personnel – 400 millions de dollars ont été volés du bureau de la Banque centrale et les prisonniers ont été relâchés. L'oléoduc Kirkouk-Ceyhan s'est retrouvé dans la zone contrôlée par les extrémistes et la plus grande raffinerie de Baïji a été fermée, rapporte Reuters.

Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki demande une aide militaire aux Occidentaux. Il attend des USA qu'ils bombardent les positions des combattants. Al-Maliki tient pour responsable l'Arabie saoudite sunnite, dont les autorités financent et soutiennent moralement les extrémistes selon lui.

Le président américain Barack Obama a déclaré le week-end dernier les autorités, incapables d'établir un dialogue avec tous les représentants de la société irakienne, étaient responsables de la crise. Obama a également promis que les soldats américains ne seraient pas renvoyés en Irak. Cependant, dans une lettre adressée au congrès lundi soir il a annoncé que 250 militaires seraient tout de même envoyés à Bagdad pour renforcer la protection des citoyens américains et de l'ambassade.

La crise irakienne a placé les États-Unis dans une situation absurde puisque l'Iran pourrait devenir leur allié en Irak, soulignent les analystes du Royal United Service Institute du Royaume-Uni. Le secrétaire d'État John Kerry a déclaré hier que Washington était ouvert à toute discussion: "Nous souhaitons une collaboration constructive qui réduirait la violence". D'après lui, les raids aériens pourraient être une option de réaction des USA. Après le discours de Kerry, le porte-parole du Pentagone John Kirby a précisé que le dialogue avec les représentants iraniens ne pourrait être mené qu'au niveau politique, et non militaire. La crise irakienne sera évoquée cette semaine lors des négociations sur le programme nucléaire iranien à Vienne, qui se poursuivront jusqu'à vendredi. Quant au ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, il a déclaré que l'ambassade de Royaume-Uni en Iran, fermée en 2011, pourrait reprendre son travail.

Il est encore trop tôt pour dire que les relations entre l'Iran et l'Occident sont en train de prendre un nouveau tournant, estime Vladimir Evseev, directeur du Centre d'études sociopolitiques: la coopération militaire entre les USA et l'Iran est impossible, les deux parties s'efforceront d'utiliser l'une l'autre pour stabiliser la situation en Irak, mais il s'agit d'une imitation de coopération plutôt que d'une véritable collaboration.

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