Le conflit syrien déborde en Irak

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Les autorités irakiennes tentent de stopper l'offensive des islamistes radicaux – la plus importante depuis l'invasion des troupes occidentales en 2003, écrit mardi 17 juin le quotidien Kommersant.

Les autorités irakiennes tentent de stopper l'offensive des islamistes radicaux – la plus importante depuis l'invasion des troupes occidentales en 2003, écrit mardi 17 juin le quotidien Kommersant. La lutte contre les sunnites radicaux d'Al-Qaïda devient une question de vie ou de mort pour le gouvernement du premier ministre chiite Nouri al-Maliki, qui a perdu le contrôle de plusieurs provinces et risque de perdre Bagdad. L'Irak n'est plus loin d'un scénario syrien, que les chefs de file des radicaux sunnites – en Arabie saoudite et au Qatar - semblent sérieusement vouloir mettre en œuvre.

L'activation soudaine des combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a divisé le pays entre le sud chiite, le centre sunnite et le nord kurde. Après avoir attaqué sept villes clés, les sunnites radicaux ont mis le cap sur Bagdad. L'attentat récemment perpétré dans la capitale irakienne a démontré qu'elle pourrait céder sous la pression des terroristes d'Al-Qaïda: un kamikaze a actionné sa ceinture explosive après avoir pénétré dans la sépulture d'un saint vénéré par les chiites.

La mobilisation générale n'aide pas les autorités irakiennes à stopper les sunnites radicaux. Le gouvernement a déclaré avoir éliminé jusqu'à 300 membres de l'organisation, ralenti son offensive sur Bagdad et même libéré le quartier al-Mouatassem, qui relie la capitale à la province pétrolière Salah al-Din. La plus grande raffinerie du pays, à Baïji, a été reprise. Cependant, les rangs des radicaux continuent de grandir, notamment grâce aux prisonniers qu'ils libèrent. Les autorités ont reconnu qu'à Mossoul, deuxième plus grande ville du pays, 1 400 prisonniers avaient été relâchés et que tous étaient passés du côté des sunnites radicaux.

Les combats entre militaires irakiens et radicaux sunnites se déroulent à quelques kilomètres de la frontière syrienne. Par conséquent, l'EIIL pourrait bénéficier à tout instant du soutien de ses alliés aguerris dans les affrontements contre l'armée de Damas.

L'Iran, qui a pris la défense des chiites irakiens, craint sérieusement un tel scénario. Le président iranien Hassan Rohani s'est dit prêt à accorder une assistance militaire à l'Irak dans sa lutte contre les "rebelles sunnites". Il a toutefois précisé qu'il s'agissait de sa propre initiative et que Bagdad n'avait formulé aucune demande d'aide. Téhéran a également démenti l'envoi en Irak de plusieurs bataillons iraniens qui auraient contribué à la reprise de Tikrit.

L'ex-émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie Lakhdar Brahimi est persuadé que cette entrée en activité des terroristes en Irak est due à la passivité de la communauté internationale vis-à-vis du conflit syrien. "Un tel conflit ne peut pas rester confiné dans un seul pays", a-t-il déclaré. "Je n'ai jamais pensé que les événements en Syrie étaient un problème des Syriens eux-mêmes. Même si je ne pouvais pas prédire que l'EIIL avancerait aussi loin dans son aspiration à établir un califat", a déclaré l'ex-secrétaire d'État Hillary Clinton.

Les opposants à Barack Obama ont déclaré que la situation en Irak résultait des erreurs de la Maison blanche, qui avait renoncé à fournir des armes à l'opposition modérée combattant en Syrie. Selon eux, cette dernière aurait pu opposer une résistance aux islamistes radicaux. Obama a déjà laissé entendre que les États-Unis n'avaient pas l'intention de participer à une nouvelle "guerre libératrice" en Irak.

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