Report du dialogue russo-américain sur le bouclier antimissile

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L'Occident suspend sa coopération avec la Russie sur le bouclier antimissile (ABM), a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères (MAE) le 30 mai, rapporte mardi le quotidien Izvestia.

L'Occident suspend sa coopération avec la Russie sur le bouclier antimissile (ABM), a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères (MAE) le 30 mai, rapporte mardi le quotidien Izvestia.

Les organisateurs de la conférence sur l'ABM, qui se déroulera du 17 au 20 juin à Mayence, ont rapporté que les "diverses complications survenues récemment" ne permettaient pas de réunir les "conditions nécessaires pour accueillir les hôtes russes".

La Russie avait proposé à plusieurs reprises à ses homologues étrangers de mettre en place un travail commun pour contrer les éventuels défis et menaces balistiques.

D'après le MAE russe, les propositions de Moscou restent valables mais leur réalisation est improbable si l'une des parties refuse de dialoguer.

"La Fédération de Russie espérait qu'on l'écoute. Mais ce ne fut pas le cas, l'avis de la Russie n'a pratiquement pas été pris en compte ces dernières années", estime Nikita Kourkine, président de la fondation Sverchenie (Accomplissement) et producteur du projet Terra America.

Les diplomates russes ont qualifié cette démarche de "politique de l'autruche" et souligné qu'une telle attitude était "susceptible de rompre l'équilibre stratégique et la stabilité internationale".

"Cela entraînera une longue interruption dans les consultations en matière de défense antimissile. Les États-Unis ont depuis longtemps décidé de rendre leur ABM autonome, sans que la Russie y participe", pense Pavel Zolotarev, directeur adjoint de l'Institut des Etats-Unis et du Canada.

La Russie et l'Otan avaient convenu de coopérer sur le projet EuroABM au sommet de Lisbonne en 2010, mais les négociations se sont retrouvées dans l'impasse après le refus des USA de fournir des garanties juridiques selon lesquelles le système déployé ne viserait pas les forces de dissuasion de la Russie. L'ABM européen permettra de mener des guerres de nouvelle génération avec l'utilisation d'armes de haute précision, mais sans éléments nucléaires.

Pour réagir au déploiement de l'ABM en Europe, Moscou a l'intention d'entreprendre une série de mesures militaro-techniques et diplomatiques, notamment en déployant des armes de haute précision et d'interception, ainsi qu'en établissant des alliances diplomatiques.

"Le fait que les USA élargissent leurs systèmes ABM ne représente pas une menace réelle pour le potentiel nucléaire de la Russie mais, malheureusement, il ne faut pas non plus s'attendre au dialogue pour l'instant", estime Pavel Zolotarev.

D'après l'expert, la décision de l'Occident doit être interprétée comme une démarche politique. Après le rattachement de la Crimée à la Russie, les Etats-Unis ont été "vexés" car leur objectif primaire visait à priver la flotte de la mer Noire russe de la possibilité d'une base en Crimée.

Il est à noter que toute administration américaine (notamment républicaine) confirme indéfectiblement son engagement pour l'ABM. Il est même possible d'identifier les éléments "favoris" de l'ABM des différents présidents américains. On notera ainsi le développement actif des systèmes stationnaires avec des missiles d'interception terrestres à l'époque de George W. Bush. Alors qu'Obama a mis l'accent sur les systèmes de combats mobiles Aegis maritimes et terrestres.

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