L'Occident fait front avec l'Afrique de l'Ouest contre les terroristes

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Le Conseil de sécurité des Nations unies pourrait adopter dès cette semaine des sanctions contre Boko Haram et Ansaru, deux mouvements radicaux nigérians, et les inscrire sur la liste des organisations terroristes, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le Conseil de sécurité des Nations unies pourrait adopter dès cette semaine des sanctions contre Boko Haram et Ansaru, deux mouvements radicaux nigérians, et les inscrire sur la liste des organisations terroristes, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Cette annonce a été faite par la sous-secrétaire d'Etat américaine Wendy Sherman samedi à la réunion de cinq chefs d'Etat africains avec des hauts fonctionnaires américains, première étape d'une stratégie commune des acteurs régionaux pour lutter contre les islamistes. Les pays d'Afrique de l'Ouest ont convenu d'échanger des renseignements et de renforcer leur coopération militaire.

Ce mini-sommet a été organisé par le président français François Hollande à la demande de son homologue nigérian Goodluck Jonathan. L'événement s'est déroulé en présence des dirigeants du Cameroun, du Niger, du Tchad et du Bénin – tous les Etats ayant des frontières communes avec le Nigéria. Ces dernières sont si mal protégées que les membres du Boko Haram les traversent avec une grande facilité, comme en témoigne l'attaque d'une compagnie routière chinoise au nord du Cameroun, dans la nuit de vendredi à samedi, pendant laquelle un soldat camerounais a été tué et 10 ouvriers chinois ont été kidnappés.

Des représentants du Royaume-Uni et de l'Union européenne étaient également présents à Paris. Selon le président français, la tâche principale est de bloquer le financement du groupuscule depuis l'étranger et les livraisons d'armes depuis le territoire libyen.

Les dirigeants africains ont décidé d'organiser des patrouilles conjointes, de créer des mécanismes de surveillance des frontières, des procédures d'échange de renseignements et d'informations sur le trafic d'armes, ou encore de renforcer la protection des dépôts d'armements. Un centre spécial d'échange de renseignements sera mis en place et une équipe sera créée pour élaborer une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme. Le travail pour la promotion des sanctions internationales sera également renforcé, notamment dans le cadre de l'Onu. Le Nigéria fait actuellement partie des 15 pays membres du Conseil de sécurité.

Ces cinq pays de l'Afrique de l'Ouest, qui ont toujours eu des relations difficiles, ont fait preuve d'une cohésion hors du commun. La participation du Cameroun est particulièrement notable: la péninsule de Bakassi est une pomme de discorde entre ce pays et le Nigéria depuis longtemps.

Les représentants occidentaux sont prêts à soutenir cette initiative régionale, à aider à surveiller les frontières, à apporter une expertise technique, à former des spécialistes et à accorder des crédits pour des programmes socioéconomiques. Les droits des jeunes femmes victimes de viols et de mariages forcés ont également été évoqués. Rappelons que la situation s'est aggravée au Nigéria après le kidnapping d'écolières à Chibok le 14 avril par Boko Haram. 223 jeunes filles sont aujourd'hui entre les mains des islamistes.

Les premiers résultats des initiatives discutées à Paris seront annoncés à l'issue d'une réunion ministérielle à Londres en juin. Les USA, le Royaume-Uni et la France aident déjà le Nigéria en lui fournissant des renseignements et des conseils de spécialistes. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a annoncé dimanche l'envoi au Nigéria d'un avion de reconnaissance. Paris a également accepté de mettre à disposition des Rafales déployés à N'Djamena pour participer aux missions de reconnaissance. Les intérêts de la France sont les plus évidents: avec 6 000 soldats au Mali et en Centrafrique, Paris craint la dispersion du Boko Haram sur tout le continent noir.  La République centrafricaine est frontalière avec le Cameroun et le Tchad, le Mali est voisin du Niger et la distance qui sépare ces pays du contingent français du Nigéria est très réduite. Le Niger et le Cameroun sont les plus vulnérables face au Boko Haram.

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