Le gaz français ne sera pas gratuit pour l'Ukraine

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Le groupe énergétique français GDF-Suez a suspendu les négociations portant sur les livraisons réversives de gaz à l'Ukraine, écrit jeudi le quotidien Izvestia.

Le groupe énergétique français GDF-Suez a suspendu les négociations portant sur les livraisons réversives de gaz à l'Ukraine, écrit jeudi le quotidien Izvestia.

On ignore même si la compagnie livrera finalement du gaz au pays, a déclaré Jean-François Cirelli, vice-président de GDF-Suez et président d'Eurogas.

Sur les perspectives des livraisons réversives, Cirelli a souligné que la compagnie disposait des capacités nécessaires et était prête à acheminer le gaz en Ukraine si cette dernière proposait un tarif convenable et s'il restait un excès de gaz après sa vente aux consommateurs courants. Il n'a pas précisé la quantité dont il était question mais il a laissé entendre que ce gaz ne serait pas fourni gratuitement, quelles que soient les conditions.

Le vice-président de GDF-Suez a souligné que les livraisons réversives de gaz en Ukraine, dans le meilleur des cas, ne pourraient pas assurer le tiers de la consommation du pays.

"Avec l'Occident nous ne pourrons pas assurer 100% des besoins de l'Ukraine, il faudra tout de même acheter du gaz russe", a-t-il précisé.

Pavel Zavalny, président de la Société gazière de Russie, trouve cette situation paradoxale. "L'Ukraine tente de mettre en place un système qui lui fera payer plus cher pour le gaz russe, sans régler sa dette  de plus de 3,5 milliards de dollars envers Gazprom et sans compter les pénalités qui la menacent pour l'achat d'une quantité insuffisante de gaz russe", a déclaré
Pavel Zavalny.

En 2013, GDF-Suez a importé plus de 8 milliards de mètres cubes de gaz de Russie et ses contrats courent jusqu'en 2030. D'après eux le holding français peut acheter, sans majoration, 3 milliards de mètres cubes supplémentaires.

Selon Pavel Zavalny, l'Ukraine a consommé 51 milliards de mètres cubes de gaz en 2013, dont 28 milliards provenaient de Russie. L'Ukraine ne pourrait donc pas échapper à sa dépendance actuelle au gaz russe. Le président de la Société gazière de Russie a laissé entendre que les négociations sur la baisse des tarifs pour l'Ukraine étaient envisageables à condition que les autorités remboursent au moins une partie de la dette qu'elles reconnaissent elles-mêmes, soit plus de 1,3 milliard de dollars.

"Si la crise aggravait la situation à terme, le marché de l'UE pourrait résister grâce au Troisième paquet énergie. Nous avons la possibilité d'augmenter les stocks de gaz grâce à un hiver doux, et ces dernières décennies l'Europe a réalisé de nombreuses démarches pour se doter d'hydrocarbures alternatives au gaz, ce qui lui permettra de rester à flot. Toutefois, ces ressources seront plus chères que le gaz russe et dans l'idéal nous voudrions poursuivre notre coopération avec les fournisseurs de gaz russes. En fin de compte, ces 35 dernières années la Russie n'a jamais interrompu les fournitures de gaz en Europe et nous espérons que ce ne sera pas non plus le cas aujourd'hui", a déclaré Jean-François Cirelli. Il a ajouté que 27% du gaz consommé en Europe avait été importé de Russie en 2013.

Selon les prévisions d'Alexeï Gromov, directeur Energie à l'Institut russe de l'énergie et des finances, les capacités techniques maximales pour les livraisons réversives en Ukraine de Slovaquie, d'Allemagne, d'Hongrie et de Pologne pourraient atteindre 10 milliards de mètres cubes par an. Autrement dit, la dépendance envers le gaz russe est insurmontable dans les mois à venir: le gaz naturel liquéfié des Etats-Unis, même s'il était décidé d'autoriser son exportation, coûterait au moins 450 dollars les mille mètres cubes.

"Si les problèmes de transit s'étendaient sur plusieurs mois, cela affecterait les cours gaziers spot – ils augmenteraient en moyenne de 30% et au lieu de 350-380 dollars actuellement ils atteindraient 400-450 dollars les mille mètres cubes. L'Ukraine elle-même surmonterait plus facilement l'absence de gaz russe: elle pourrait augmenter la production de charbon, même si cela nuirait à l'environnement.

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