L'Ouzbékistan va ouvrir une représentation de l'Otan sur son territoire, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
James Appathurai, représentant du secrétaire général de l'Alliance pour l'Asie centrale et le Caucase, s'est rendu à Tachkent où se tiendra la cérémonie officielle d'inauguration de cette représentation vendredi 16 mai. Les autorités ouzbèkes craignent en effet les conséquences du retrait des troupes otaniennes d'Afghanistan, qui pourrait stimuler l'activité des organisations extrémistes dans la région, en premier lieu en Ouzbékistan.
"Le gouvernement ouzbek souhaite coopérer avec l'Otan pour préserver la stabilité dans la région. L'ouverture d'une représentation va dans ce sens", a déclaré le politologue ouzbek Rafik Saïfoulline. Selon lui, "la situation est transparente et il est inutile de se lancer dans des théories conspirationnistes. La politique ouzbèke s'est toujours distinguée par une approche réfléchie et on ne peut pas dire que la ligne géopolitique du pays changera avec l'arrivée de l'Otan". "Il ne faut pas non plus s'attendre à un profit politique ou économique de la part de l'Alliance", a souligné l'expert.
Ajdar Kourtov, expert de l'Institut russe de recherches stratégiques, estime au contraire qu'il n'y a pas de lien direct entre l'ouverture de cette représentation et les craintes annoncées par le gouvernement ouzbek au sujet de sa sécurité. "Il faut savoir que l'Ouzbékistan n'est pas membre de l'Otan et ne pourra pas le devenir dans un avenir prévisible. C'est pourquoi l'Alliance ne peut pas garantir sa sécurité", pense Ajdar Kourtov. Il est persuadé que Tachkent n'en a pas besoin étant donné qu'il n'existe aucune menace flagrante d'invasion militaire depuis l'Afghanistan, même compte tenu de la reprise des activités militaires des talibans. "L'Afghanistan est instable depuis des décennies. Certes, des groupuscules ont déjà tenté de passer la frontière depuis l'Afghanistan – en 1999-2000 les combattants du Mouvement islamique d'Ouzbékistan avaient essayé de pénétrer dans le pays par la région de Batken (Kirghizstan). Mais l'armée de l'air ouzbèke avait réussi à les neutraliser. Si cela se reproduisait l'Ouzbékistan réussirait à maîtriser la situation", explique Ajdar Kourtov.
En ce qui concerne la représentation de l'Otan, de nombreuses organisations internationales travaillent en Ouzbékistan sans influer sur la politique nationale ou étrangère du pays. C'est un geste purement symbolique. S'il était question de programmes concrets sous forme d'étapes d'adhésion à l'Alliance, on en parlerait plus concrètement.
Néanmoins, les experts remarquent que l'Otan s'implante assez activement dans les pays d'Asie centrale ces dernières années. En particulier avec le programme Partenariat pour la paix dans l'espace postsoviétique depuis 1994. Pratiquement tout le commandement des armées d'Asie centrale a été formé dans le cadre de ce programme aux Etats-Unis et dans les pays de l'Alliance, ce qui signifie que l'Otan dispose, par ces officiers, d'un lobby prooccidental loyal dans les forces armées de ces pays.
