Un hiver sans gaz pour l'Europe ?

© RIA Novosti . Ilya Pitaliov / Accéder à la base multimédiaNezavissimaïa gazeta
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Moscou a menacé de couper le gaz à l'Ukraine, le 3 juin à 10h, si le pays ne remboursait pas sa dette devant son fournisseur russe Gazprom. L'information fait la une des journaux en Ukraine, écrit mercredi 14 mai le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Moscou a menacé de couper le gaz à l'Ukraine, le 3 juin à 10h, si le pays ne remboursait pas sa dette devant son fournisseur russe Gazprom. L'information fait la une des journaux en Ukraine, écrit mercredi 14 mai le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'agence de presse ukrainienne UNIAN estime dans un article que "les autorités commettraient une erreur si elles se soumettaient à la volonté de Moscou", et écrit également que "la Russie s'arrache les cheveux". Les avocats contactés par l'agence pensent qu'en cas de versement d'un prépaiement par Kiev les chances de victoire à la Cour d'arbitrage de Stockholm seraient nulles. Selon Alexandre Malinovski de Grand Thornton, Gazprom a enfreint le contrat initial de 2009 en faisant passer la compagnie ukrainienne Naftogaz à un système de prépaiement. En outre, la dette ukrainienne de 1,3 milliard de dollars - pour le gaz d'avril - est litigieuse car "elle est calculée par Gazprom en fonction du tarif du deuxième trimestre 2014, soit 485 dollars les mille mètres cubes". Les experts soulignent également que le contrat de 2009 a été initialement signé à des conditions défavorables pour l'Ukraine, rapporte l'UNIAN.

De son côté l'Ukraine veut contester à la Cour de Stockholm le tarif du gaz russe appliqué depuis 2011, "motivé politiquement et non économiquement". L'UNIAN écrit qu'après la signature du "contrat scandaleux" le 19 janvier 2009, "l'Ukraine a connu tous les tarifs gaziers possibles et imaginables", que "la Russie les manipulait dans tous les sens" et que chaque "indulgence" impliquait "d'importants profits politiques pour le Kremlin". De plus, selon les experts, en 2012-2013 Gazprom a envoyé en Europe via l'Ukraine moins de gaz qu'indiqué dans le contrat.

La revue ukrainienne Segodnya (Aujourd'hui) cite pour sa part l'expert énergétique indépendant Vladimir Saprykine. Selon lui, Gazprom connaîtrait également des pertes s'il suspendait les fournitures de gaz en Ukraine. De plus, l'Europe reçoit du gaz par transit et la Russie ne pourrait réduire les livraisons de gaz qu'à hauteur de la quantité consommée par l'Ukraine. La revue se réfère également aux prévisions de l'agence de notation Moody's Investors Service, dont les analystes indiquent que "parmi tous les pays de la CEI la plus profonde récession est attendue en Ukraine – une baisse de 5-10% en raison du chaos politique intérieur, des différends politiques et économiques avec la Russie, de la crise monétaire et de la crise de liquidité extérieure".

L'agence de presse ukrainienne UNN rapporte que l'Union européenne et l'Ukraine comptent signer un accord pour octroyer au pays une aide macrofinancière de 1,6 milliard d'euros.

Par ailleurs, les réserves de gaz dans les dépôts ukrainiens ont augmenté de 9% en une semaine pour atteindre 9,3 milliards de mètres cubes. L'UNN rappelle que le pays dispose de 12 dépôts souterrains d'une capacité totale de 31 milliards de mètres cubes, qui font partie intégrante du système d'approvisionnement en gaz de l'Ukraine et du transit via son territoire.

Les pays occidentaux ont également réagi à la décision russe concernant les fournitures de gaz en Ukraine. La porte-parole du département d'Etat américain Jen Psaki estime que Moscou ne doit pas utiliser l'accès aux hydrocarbures comme un moyen de pression sur l'Ukraine. "Nous avons entendu une série de menaces provenant de Moscou. Nous ne pensons pas que l'accès aux hydrocarbures doive être utilisé comme un moyen d'intimidation", a-t-elle déclaré.

Psaki remarque que les Etats-Unis travaillent directement avec les Ukrainiens sur les réformes dans le secteur énergétique pour leur assurer un accès aux hydrocarbures. Pour sa part, le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski souligne que le conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine nuirait à la réputation de Gazprom. Selon lui, les deux pays devraient trouver un terrain d'entente sur la question gazière. Au contraire de quoi certains pays européens pourraient se retrouver privés, cet hiver, du gaz fourni par la Russie via l'Ukraine.

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