Les Etats-Unis et les pays occidentaux réagissent avec émotion aux événements en Ukraine, et sont particulièrement virulents dans leur critique et leur opposition à Moscou. Les faits réels semblent passer au second plan au profit d’une lutte pour imposer ses approches à tout prix, écrit lundi 5 mai le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Aujourd’hui les préoccupations politiques et les décisions de politique étrangère des USA semblent guidées par l’opposition calme, pesée et de plus en plus ferme de la Russie aux scénarios de Washington. Car en dépit de la pression et des menaces, Moscou défend avec succès ses intérêts sur la scène internationale. Après les événements de Crimée il semble évident que la procédure de renforcement et de prise d’influence du Kremlin - dont les principales étapes furent les événements de 2008 en Ossétie du Sud et en Abkhazie, puis en 2011-2014 en Syrie - est achevée.
La disposition des forces est désormais complètement différente et met fin au modèle unipolaire établi après la chute de l’URSS. La modernisation accélérée de l’armée et de la marine initiée par Vladimir Poutine a joué un rôle significatif dans le renforcement de la Russie. Cette nouvelle disposition des forces se caractérise avant tout par la présence de trois pôles de puissance : les Etats-Unis, la Chine et la Russie.
Les USA s’opposent férocement à la perte de leur rôle exclusif sur l’arène internationale et cherchent à préserver leur influence particulière sur le cours des événements dans le monde.
En vain. Les Américains ont manqué l’arrivée de la Chine sur la scène mondiale et n’ont plus la possibilité d’influer sur la position de la Russie concernant les principaux problèmes régionaux et internationaux. Aujourd’hui, ils sont prêts à aller très loin pour empêcher la montée de l’influence et de la puissance de cette dernière.
A l’étape actuelle, l’arsenal de Washington est très limité - et inefficace. Le recours à la tactique obsolète des sanctions prouve une fois de plus que le potentiel analytique des USA sur les affaires internationales est actuellement à son plus bas niveau.
La Russie, elle, est un pays autosuffisant. En rétablissant son statut de superpuissance elle doit le gérer le plus rationellement possible, sans répéter les erreurs de l’URSS ni des Américains.
Il faut d’abord clairement définir la situation en Ukraine. Si Moscou considère les événements de Kiev comme un changement illégitime de gouvernement, il faut se tenir strictement à cette ligne.
Il est également nécessaire d’exposer avec force détermination la position de la Russie face à l’imminence de sanctions contre les politiciens, les militaires et autres citoyens ukrainiens ayant commis des crimes de guerre – qui peuvent être considérés comme des crimes contre l’humanité. Cela remettrait les idées de nombreux acteurs des événéments ukrainiens en place.
Suite au déploiement de forces supplémentaires de l’Otan en Pologne et d’autres pays proches de la Russie, il faut rappeler les conséquences inévitables des manoeuvres de ce genre pour les populations de ces pays, notamment le ciblage opérationnel des forces russes sur les villes appropriées à ses frontières.
Enfin, la critique de la chaîne Russia Today par le gouvernement américain reflète un certain succès de la propagande russe. Cependant, on est encore très loin d’occuper les positions nécessaires en termes de "soft power" .
