Sécurité informatique: Washington limite la coopération avec Moscou

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Les Etats-Unis limitent la coopération avec la Russie sur la sécurité informatique, initiée par un accord signé l'an dernier", écrit jeudi le quotidien Kommersant citant le représentant spécial du président russe Andreï Kroutskikh.

Les Etats-Unis limitent la coopération avec la Russie sur la sécurité informatique, initiée par un accord signé l'an dernier", écrit jeudi le quotidien Kommersant citant le représentant spécial du président russe Andreï Kroutskikh.

Les sanctions adoptées par l'Occident en raison de la confrontation autour de l'Ukraine ont repoussé de dix ans les accords entre Moscou et Washington, a dit le représentant de Poutine au cours d’une conférence sur les problèmes du cyberespace hier en Allemagne.

La sécurité cybernétique, dans le contexte de la nouvelle confrontation entre la Russie et l’Occident, était l'un des thèmes centraux de cette conférence internationale qui s'est achevée hier à Garmisch-Partenkirchen. Plus de 90 diplomates, militaires, représentants du renseignement, des organisations informatiques et du milieu scientifique de premier plan de 19 pays ont participé à ce "Davos numérique" organisé par l'Institut des problèmes de sécurité informatique de l'Université d'Etat Lomonossov de Moscou et le Conseil de sécurité russe. Contrairement aux années précédentes, aucun représentant public occidental n'était présent au forum : les USA et la plupart des pays de l'UE avaient recommandé à leurs représentants de réduire au minimum les contacts avec la Russie.

D'après le directeur de l'Institut des problèmes de sécurité informatique Vladislav Chestriouk, de nombreuses questions, notamment celle de l'adaptation du droit international aux conflits dans le cyberspace, nécessitent une solution de toute urgence. Entre autres : l'interprétation des notions d’"agression", d’"attaque" et d’"attaque armée" dans l'espace informatique. Ou encore le droit de neutralité dans les conflits impliquant l'emploi de technologies numériques - quand deux pays commettent des attaques cybernétiques l'un contre l'autre en utilisant l'infrastructure de pays tiers.

Laurent Gisel, représentant du Comité international de la Croix Rouge, a également exprimé sa préoccupation : "Les cyberattaques contre l'infrastructure civile stratégique pourraient laisser des milliers de personnes sans eau, nourriture et électricité. Et le sabotage des centrales nucléaires et des barrages, qui sont également techniquement plausibles, pourrait entraîner de nombreuses victimes".

Andreï Kroutskikh a affirmé que Moscou était prêt à travailler à l'adaptation du droit international à l'espace informatique et à l'établissement de "règles du jeu planétaires" dans ce domaine. Selon lui, les pays occidentaux, notamment les USA, n'y sont pas préparés.

En juin 2013, les présidents Vladimir Poutine et Barack Obama ont signé plusieurs accords de coopération pour l'utilisation des technologies numériques : le premier pacte de non-agression dans le secteur informatique. Il était prévu, entre autres, de créer entre Moscou et Washington une ligne téléphonique spéciale pour empêcher la transformation de cyber-incidents en crises à part entière, avec la formation d'un groupe de travail pour la cybersécurité dans le cadre d'une commission présidentielle bilatérale. En raison des différends sur l'Ukraine, Washington a suspendu la majeure partie de la coopération bilatérale avec Moscou ces dernières semaines, gelant également l'activité de la commission présidentielle. La réunion de ce groupe a été reportée pour une durée indéterminée.

La Russie est embarrassée par cette décision. "La confrontation et les sanctions repoussent de dix ans les accords sur la sécurité informatique internationale", pense Andreï Kroutskikh.

Sanjay Goel, de l'Université d'État de New York, appelle toutefois les Russes à ne pas dramatiser la situation. "De nombreux dirigeants américains estiment qu'il ne fallait pas limiter la coopération avec la Russie dans le cyberespace. Avant tout ceux qui travaillent directement dans ce domaine. Nous avons passé du temps à élaborer ces accords. L'Ukraine ne doit pas être un obstacle à leur mise en œuvre", a-t-il déclaré.

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