Algérie: la réélection de Bouteflika est dans l'intérêt de Moscou

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Abdelaziz Bouteflika a été proclamé vainqueur vendredi de la présidentielle algérienne avec 81,53% des voix. Cette continuité du pouvoir garantit à la Russie une poursuite de la coopération militaro-technique avec l’Algérie, écrit lundi le quotidien Kommersant.

Abdelaziz Bouteflika a été proclamé vainqueur vendredi de la présidentielle algérienne avec 81,53% des voix. Cette continuité du pouvoir garantit à la Russie une poursuite de la coopération militaro-technique avec l’Algérie, écrit lundi le quotidien Kommersant.

Le chef de l'Etat n'a pas participé à la campagne électorale: après un mini-AVC l'an dernier, Bouteflika avait disparu de la scène politique pour suivre un long traitement en France. Il s'est rendu au bureau de vote en fauteuil roulant. Même s’il a recueilli moins de voix qu'en 2004 et 2009, le président a tout de même remporté une victoire écrasante avec 81,5% des suffrages.
Son principal rival, l'ex-premier ministre Ali Benflis, 69 ans, n’a obtenu que 12% des votes.

Si le gouvernement algérien actuel est aussi plébiscité, c’est d’abord parce qu’il est perçu comme le garant de la stabilité du pays. L'armée et les services de renseignement ont été significativement renforcés pour lutter contre l’organisation "Al-Qaïda au Maghreb islamique" et d'autres groupes terroristes. Ces dernières années le budget de défense a augmenté de 50%, principalement pour la stabilité et la sécurité intérieure. On ignore combien de temps Bouteflika pourra encore rester au pouvoir mais selon les experts, même s’il partait la probabilité de déstabilisation serait faible et le pouvoir resterait contrôlé par les structures de force.

Toutefois les forces d'opposition, divisées, qui avaient appelé à boycotter l'élection, sont persuadées que cette victoire n’est pas à mettre sur le compte de la politique de Bouteflika mais de l'exagération du taux de participation et des fraudes. Selon les informations officielles, le taux de participation au niveau national était de seulement 51,7%, et de 37,8% à Alger.

"La perception de certains régimes arabes autoritaires comme pierres angulaires ou havres de stabilité après le printemps de 2011 et la chute du régime de Hosni Moubarak en Egypte doit être repensée. De tels régimes créent une illusion de tranquillité et mènent des réformes politiques superficielles, mais c'est clairement insignifiant pour régler les problèmes et apaiser le mécontentement général de la population", a déclaré Nadim Shehadi, spécialiste du Moyen-Orient pour le groupe de réflexion britannique Chatham House.

Toutefois, il est dans l'intérêt de Moscou que Bouteflika reste président aussi longtemps que possible. Le commerce d'armes fait partie des secteurs prioritaires pour la Russie et l'Algérie. En 2013, cette dernière était le deuxième plus grand acheteur d'armements russes avec 1,9 milliard de dollars de contrats. Dans l'ensemble, la demande constante du pays en produits russes est directement liée à la personnalité de Bouteflika. C'est avec sa participation directe que des contrats d'armement pour 6 milliards de dollars ont été signés au milieu des années 2000. Selon des sources officieuses, les pays ont récemment paraphé de nouveaux accords et sont prêts à signer de nouveaux contrats pour la même somme.

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