Le Kirghizstan restreint les droits des journalistes

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Le parlement kirghiz a instauré une sanction pénale pour publication de fausses informations sur les crimes dans les médias, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le parlement kirghiz a instauré une sanction pénale pour publication de fausses informations sur les crimes dans les médias, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Des modifications seront portées au Code pénal pour introduire une amende de 1 000 à 4 000 dollars ou une peine allant jusqu'à 5 ans d'emprisonnement en cas d’infraction. La loi concerne les journalistes mais aussi les politiciens qui s'accuseraient sans fondement par le biais de la presse. Elle entrera en vigueur après sa signature par le président.

Après cette décision du parlement le député kirghiz indépendant Omourbek Abdrakhmanov a demandé hier à ses collègues de revoter le projet de loi instaurant une sanction pénale pour la publication de fausses informations sur les crimes dans les médias. Il pense que les élus n'ont pas compris pour quel projet ils votaient et ont approuvé le texte par inadvertance. Selon lui, il est anticonstitutionnel et ne pouvait pas être adopté.

Eristina Kotchkarova, députée de la fraction progouvernementale Ar Namys (Dignité) et auteur de cette initiative, a déclaré que ces amendements au Code pénal ne visaient pas les journalistes et les médias mais concernaient les politiciens malveillants. D'après la députée, la responsabilité de la diffusion de fausses informations sera endossée par la source et pas par le média ou le journaliste qui l’aura diffusée. Un journaliste sera seulement poursuivi s'il ne cite pas ses sources dans l'article.

La nouvelle loi a déjà été critiquée par les organisations des droits de l'homme. "Cette initiative n'est rien d'autre qu'un durcissement de la législation dans le secteur médiatique. C'est une tentative flagrante du gouvernement de maîtriser la liberté d'expression car la loi a été initiée par la coalition progouvernementale. Elle sera une arme entre les mains du gouvernement en prévision des campagnes législative et présidentielle", a déclaré la militante des droits de l'homme Toktaïym Oumetalieva. Selon elle, ce projet de loi doit être contesté à la Chambre constitutionnelle.

"Ces nouveautés législatives ne seront pas forcément utilisées dans l'intérêt de l'Etat et de la société si l’on connaît le contexte au Kirghizstan aujourd'hui. Les institutions publiques ne travaillent pas dans l'intérêt social mais servent un groupe restreint de hauts fonctionnaires autour du président Atambaev et de leaders régionaux qui n'occupent pas toujours des postes au gouvernement", a déclaré Alexandre Kniazev, expert de l'Asie centrale et du Moyen-Orient. Selon lui, la mise en place d'une sanction pénale pour la publication d'informations diffamatoires dans les médias permettra seulement aux hommes politiques importants de régler leurs comptes en influant sur les décisions judiciaires. "Compte tenu du haut degré de corruption qui frappe le pays, y compris le système judiciaire, ce serait chose facile. Cet outil sera certainement sollicité. Et comme le montre la pratique de la politique kirghize, il serait facile pour les tribunaux de condamner les auteurs de déclarations indésirables grâce à cette loi", a souligné l'expert.

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