La Russie trouve des alliés au Parlement européen

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Quelle réaction l’Union européenne (UE) doit-elle adopter face à la politique russe en Ukraine ? Au regard des débats sur la crise ukrainienne hier au Parlement européen, la réponse est loin d’être unanime. Tandis qu'un groupe de députés exige des sanctions "iraniennes" contre la Russie, un autre insiste sur la poursuite du dialogue avec Moscou, écrit jeudi le quotidien Kommersant.

Quelle réaction l’Union européenne (UE) doit-elle adopter face à la politique russe en Ukraine ? Au regard des débats sur la crise ukrainienne hier au Parlement européen, la réponse est loin d’être unanime. Tandis qu'un groupe de députés exige des sanctions "iraniennes" contre la Russie, un autre insiste sur la poursuite du dialogue avec Moscou, écrit jeudi le quotidien Kommersant.

Un troisième a même accusé les USA et l'UE de provoquer le conflit en Ukraine. Le président du Parlement européen Martin Schulz a appelé ses collègues à être "pragmatiques" : reconnaître le rattachement de la Crimée à la Russie comme un fait accompli et ne pas s'empresser d'adopter de nouvelles sanctions, étant donné que la Russie et l'UE ont des "intérêts communs" dans le secteur énergétique.

Ces débats du Parlement européen sur la crise ukrainienne se sont déroulés hier à Strasbourg en présence de Stefan Füle, commissaire européen à l'élargissement. Ils pourraient découler sur des recommandations à la Commission européenne sur les actions à entreprendre vis-à-vis de la Russie, accusée par l'UE de déstabiliser la situation en Ukraine. Les députés voteront à ce sujet aujourd'hui. Au cours des débats, pratiquement chaque intervenant a souligné que le Parlement européen ne pourrait être efficace que s'il parlait d'une seule voix - mais il s'est avéré que l'unanimité était impossible.

Un premier groupe de députés a fermement condamné les actions de la Russie sur le dossier ukrainien et exigé des sanctions sévères de l'UE. Cette position était défendue par la Pologne, la Roumanie, les pays baltes ainsi que de nombreux députés libéraux ou conservateurs.

La position du deuxième groupe, principalement représenté par des députés de la Vieille Europe comme l'Allemagne, était bien plus prudente. "Ce n'est pas le moment de prendre des résolutions dures, a déclaré Knut Fleckenstein de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates.
C'est contreproductif, notamment à la veille des négociations sur l'Ukraine à Genève prévues jeudi avec la participation de la Russie." Puis le représentant le plus marquant de ce groupe, le président du Parlement européen Martin Schulz, a appelé ses collèges à être "pragmatiques", c’est-à-dire reconnaître le rattachement de la Crimée à la Russie comme un fait accompli et ne pas s'empresser d'adopter de nouvelles sanctions contre Moscou, étant donné ses intérêts énergétiques communs avec Bruxelles.

Au Parlement européen on trouve également des défenseurs de la Russie parmi les socialistes, la gauche et les députés indépendants. Le social-démocrate italien Pino Arlacchi s'est indigné de voir ses collègues accuser Moscou de déstabiliser la situation en Ukraine tout en "fermant les yeux sur le fait que les USA et l'UE avaient été les premiers à s'ingérer dans les affaires internes de l'Ukraine". Le socialiste espagnol Willy Meyer a même déclaré que les USA et l'UE étaient "directement impliqués dans l'organisation du coup d'Etat à Kiev". Le conservateur britannique Charles Tannock a tenté de parer ces critiques en affirmant que "Ianoukovitch, qui avait fui le pays, avait été destitué par le parlement". Ce à quoi Meyer a répondu que "les décisions d'un parlement encerclé par des groupes paramilitaires" étaient "illégitimes".

Le député britannique indépendant Andrew Brons a été le plus intransigeant : "La destitution de Ianoukovitch était une violation de la législation ukrainienne. Elle a profité à l'UE, qui s'est ingérée dans les affaires ukrainiennes quand ce dernier a renoncé au rapprochement avec Bruxelles. Washington s'est également ingéré dans les affaires intérieures des Ukrainiens. Pourquoi les Etats-Unis avaient-ils le droit, à une époque, d'exiger le retrait de missiles à Cuba et aujourd'hui, la Russie ne devrait pas s'opposer à l'adhésion de son voisin proche à l'Otan et à l'UE ?", a déclaré le député. Seuls Arlacchi et Meyer l’ont applaudi.

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