L'Ukraine à la croisée des chemins: trois scénarios de développement

© RIA Novosti . Andrei Stenin / Accéder à la base multimédiaRBC Daily
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Les perspectives sociales et économiques de l'Ukraine à long terme dépendent peu des problèmes géopolitiques qui gravitent aujourd’hui autour de ce pays: son destin est entre les mains des hommes politiques locaux, qui devront choisir un modèle de développement pour le pays, écrit mardi le quotidien RBC Daily.

Les perspectives sociales et économiques de l'Ukraine à long terme dépendent peu des problèmes géopolitiques qui gravitent aujourd’hui autour de ce pays: son destin est entre les mains des hommes politiques locaux, qui devront choisir un modèle de développement pour le pays, écrit mardi le quotidien RBC Daily.

Telle est la conclusion d’un groupe d'analystes du Forum économique mondial (FEM) dirigé par l'ex-ministre norvégien des Affaires étrangères Espen Barth Eide et l'ex-ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler. Les experts ont établi trois scénarios éventuels pour l’Ukraine : positif, pondéré et catastrophique.

L'évolution positive de la situation en Ukraine dépend de la somme de plusieurs facteurs : l'apaisement de la confrontation avec la Russie, l'intensification du commerce régional et les réformes contre la corruption en Ukraine, qui pourraient pousser les étrangers à investir davantage dans le pays malgré une tendance inverse aujourd’hui.

"La perspective d'un nouveau système social plus ouvert et libre permettrait à Kiev d'entrer dans une "spirale" positive, d'ouvrir l'esprit d'entreprenariat et le potentiel d'investissement", affirment les auteurs du rapport. Effet secondaire : cela entraînerait une réduction des "dépenses inefficaces du budget", comme les subventions pour l'approvisionnement en gaz. Le passage à un système de dépenses sociales ciblées renforcerait la confiance que porte la population au nouveau gouvernement.

Le deuxième scénario correspondrait au maintien de la situation économique actuelle. La révolution de schiste resterait principalement dans les frontières des Etats-Unis et bien que l'économie mondiale montre, une croissance stable, la surproduction dans l'industrie de l'acier et les conflits commerciaux saperaient la stabilité de l'Ukraine. Quant à l'augmentation de la population mondiale, elle transformerait progressivement l'agriculture en secteur économique stratégique.

D'après le FEM, dans ces conditions les nouvelles autorités de Kiev devront prendre des mesures actives pour soutenir l'économie. Les réformes contre la corruption seront en réalité des demi-mesures et les grands entrepreneurs redeviendront le bras droit du gouvernement. En fait, il s'agirait simplement d'une permutation des élites sans aucun changement concret.

Dernier scénario : si le tarif des hydrocarbures restait élevé, la demande pour les métaux était toujours minimale et si la tension géopolitique demeurait, un scénario catastrophique attendrait l'Ukraine. Au lieu de régler les problèmes vitaux, les hommes politiques, les entrepreneurs et la société poursuivraient leurs luttes internes. La répression du séparatisme et la normalisation des relations avec les voisins seraient repoussées pour une durée indéterminée.

Le FEM prédit que dans ces conditions, la note de crédit de l'Ukraine pourrait être une nouvelle fois abaissée, et le pays serait occupé par la lutte des élites et le remplacement de kleptocrates par d'autres kleptocrates. Avec ces "opportunités manquées" et une politique régulatrice changeant en permanence, il faudrait s'attendre au reflux des capitaux et à la fuite des cerveaux vers d'autres pays plus stables, même avec un moindre potentiel de croissance.

Le climat d'affaire défavorable entraînerait une stagnation même dans les secteurs où les positions de l'Ukraine sont traditionnellement fortes : l'agriculture et l'informatique. Le délabrement de l'infrastructure et les règles douanières complexes rendront le goulot d'étranglement des recettes d'exportations encore plus étroit. La forte dépendance de l’économie ukrainienne envers les exportations des hydrocarbures et de certaines matières premières ne permettra pas à l'Ukraine d'élaborer sa propre stratégie de compétitivité.

Par conséquent, l'économie du pays ne connaîtrait aucune diversification, les finances publiques entreraient dans un cercle vicieux de la dette – quand l'aspiration à sortir du fossé de la dette contraint de souscrire de nouveaux crédits. Les compagnies publiques, notamment du secteur énergétique, se retrouveraient au bord de la faillite. Le vieillissement de la population pèserait de plus en plus sur le système des retraites. Les tentatives populistes des politiciens à justifier leur inaction provoqueraient l'apathie générale de la population et à la stagnation économique s'ajouterait la stagnation morale, affirment les analystes du FEM. La crise deviendrait alors chronique, ce qui engendrerait la polarisation de la société et la perte du consensus national.

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