Poutine invite l'Europe à régler le litige gazier avec Kiev

© RIA Novosti . Mikhail Klimenteev / Accéder à la base multimédiaKommersant
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Vladimir Poutine a envoyé hier une lettre aux dirigeants de 18 pays, dont 13 membres de l'Union européenne – des pays qui achètent une grande partie du gaz russe livré en Europe et dépendent considérablement de ces fournitures, écrit vendredi 11 avril le quotidien Kommersant.

Vladimir Poutine a envoyé hier une lettre aux dirigeants de 18 pays, dont 13 membres de l'Union européenne – des pays qui achètent une grande partie du gaz russe livré en Europe et dépendent considérablement de ces fournitures, écrit vendredi 11 avril le quotidien Kommersant.

Le président concrétise sa position annoncée la veille, conformément à laquelle l'incapacité de l'Ukraine de payer la facture du gaz contraint la Russie à limiter ses livraisons. Cela pourrait créer une menace pour le transit vers l'Europe, des négociations d'urgence sont donc nécessaires entre la Russie et ses partenaires européens pour éviter une crise. Selon Poutine, il n'existe qu'une seule issue – organiser le plus tôt possible des consultations au niveau des ministres de l'Economie, des Finances et de l'Energie pour "élaborer des mesures communes afin de stabiliser l'économie ukrainienne et garantir les fournitures et le transit du gaz russe".

Le porte-parole du président Dmitri Peskov a expliqué qu'il était question de pourparlers avec chaque pays européen individuellement, et non avec leur représentant en la personne de la Commission européenne. "Etant donné que chacun de ces pays est acheteur de gaz, chacun est donc partie aux négociations. Il est impossible de mener des négociations uniquement avec la Commission européenne, car elle n'est pas un acheteur", a expliqué Dmitri Peskov. Ces dernières années, la Commission européenne a cherché à ce que l'UE dialogue avec la Russie comme un seul homme sur les questions énergétiques et s'oppose à Gazprom dans ses tentatives de s'entendre avec chaque pays membre séparément. Le blocage du projet South Stream par la Commission européenne en est le meilleur exemple, bien que Gazprom ait réussi à trouver un terrain d'entente avec tous les membres de l'UE participant au projet. Bruxelles ne fait pour l'instant aucun commentaire sur la déclaration de Vladimir Poutine. Une source de l'UE a déclaré que la Commission européenne et d'autres organismes de l'UE n'avaient pas reçu la copie de cette lettre.

En dépit du thème à première vue purement gazier de la lettre, elle soulève en réalité des questions bien plus larges. Vladimir Poutine a développé son idée exposée la veille en affirmant que ces dernières années l'UE n'avait accordé aucune aide réelle à l'Ukraine, contrairement à la Russie, et qu'elle était indirectement responsable de la crise économique actuelle dans le pays. D'après le président, l'Europe utilise l'économie ukrainienne comme une source de matières premières et un marché d'écoulement des produits finis, tout en aggravant le déficit commercial de l'Ukraine, qui dépasse 10 milliards de dollars. De son côté, rien que dans le domaine gazier, la Russie a accordé à Kiev de nombreux privilèges et réductions pour un total de 17 milliards de dollars (dont plus de 11 milliards de dollars pour le stationnement de la flotte de la mer Noire) sans infliger une pénalité de 18,4 milliards de dollars pour l'achat d'une quantité inférieure de gaz à celle prévue par les contrats. Dmitri Peskov a déclaré que la Russie n'avait pas encore l'intention d'exiger ces 35,4 milliards de dollars (20% du PIB ukrainien de 2013) et que cette somme était une "simple illustration de l'incohérence de la situation". Par ailleurs, il est primordial pour Gazprom que les Européens participent au règlement du problème de l'acheminement du gaz dans les réserves ukrainiennes. Si ce gaz d'une valeur de 5 milliards de dollars n'est pas stocké dans les mois à venir, le transit vers l'Europe sera inévitablement stoppé cet hiver, et les consommateurs européens en accuseront Gazprom.

Vladimir Poutine souligne que la Russie ne doit et ne peut plus porter seule à bout de bras l'économie ukrainienne en lui accordant des remises et en effaçant sa dette, payant de facto avec ses subventions le déficit commercial de l'Ukraine et des pays de l'UE.  C'est la raison pour laquelle la Russie insistera lors des négociations avec l'UE sur la stabilisation de l'économie ukrainienne pour exiger une contribution paritaire de l'Europe.

 

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