Etats-Unis: tiraillements entre faucons et colombes sur la Syrie

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Le département d'Etat et le Pentagone doivent faire face à des différends insurmontables en ce qui concerne la stratégie en Syrie, écrit le mercredi 9 avril le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le département d'Etat et le Pentagone doivent faire face à des différends insurmontables en ce qui concerne la stratégie en Syrie, écrit le mercredi 9 avril le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Tandis que le département d'Etat appelle à des actions plus décisives et à un soutien renforcé des rebelles, le Pentagone fait preuve d'une grande retenue. Toutefois, cela ne signifie pas que Washington n'a pas fourni secrètement aux rebelles plusieurs nouveaux missiles antichars, comme l'affirme un site israélien lié au renseignement.

Le secrétaire d'Etat John Kerry et l'ambassadrice des Etats-Unis à l'Onu Samantha Power prônent une intervention en Syrie ou au moins l'utilisation des forces spéciales pour former et armer un grand nombre d'insurgés. Cependant, lors de récentes réunions à la Maison blanche, le chef d'état-major des armées Martin Dempsey et le secrétaire à la Défense Chuck Hagel se sont prononcés contre une intervention militaire. Ils craignent de s'enliser dans une nouvelle campagne épuisante et sans fin au Moyen-Orient. Cela explique également l'indécision du président Barack Obama.

Les diplomates "faucons" et les militaires "colombes" ont tout de même réussi à s'entendre sur un programme élargi de formation et d'armement des rebelles modérés. Cependant, le Pentagone a réussi à persuader Kerry de reporter sa mise en œuvre afin de ne pas saper la coopération avec le président syrien Bachar al-Assad sur l'évacuation des armes chimiques. C'est le compromis avec Damas à ce sujet qui avait permis d'empêcher le bombardement de la Syrie l'an dernier. En août 2013, Dempsey a également évoqué l'inutilité d'un scénario militaire, qui permettrait de modifier l'équilibre des forces sur le champ de bataille mais ne rapprocherait pas les belligérants de la paix.

La position du Pentagone déplaît à l'Arabie saoudite et à d'autres pays du Golfe, ainsi qu'à certains membres du congrès des deux partis. Cette situation rappelle l'ingérence américaine en Bosnie il y a une vingtaine d'années, à l'époque de Bill Clinton.

Dans un sens, une opération militaire serait un moyen de relancer le processus diplomatique qui fait du sur place. Les pourparlers de Genève entre le gouvernement et l'opposition ont déjà échoué, d'autant qu'Assad ne "dépose" pas les armes chimiques suffisamment vite selon Washington. Ainsi, le département d'Etat compte arranger ses propres affaires grâce aux militaires. Une source de la Maison blanche a déclaré au Wall Street Journal : "Kerry a senti que la diplomatie appuyée par la menace de la force était une approche efficace et qu'elle renforcerait la position de l'administration, mais il n'a jamais senti que nos possibilités diplomatiques étaient épuisées".

Par ailleurs, le site israélien Debka, qui puise ses informations sur le renseignement militaire du Moyen-Orient de ses propres sources, a annoncé que les Etats-Unis avaient fourni pour la première fois aux rebelles une toute nouvelle arme lourde, à savoir le missile antichar à visée optique BGM-71 TOW. Ces missiles antichars ont été remis à l'Armée syrienne libre dirigée par Abdel al-Ilah al-Bachir et au Front révolutionnaire syrien sous le commandement de Jamal Maarouf. Ces armes ont été livrées par deux itinéraires – depuis la ville Diyarbakir au sud-est de la Turquie et depuis la province de Tabuk au nord-ouest de l'Arabie saoudite. Des photos de rebelles avec les nouvelles armes ont même été publiées sur internet. Le BGM-71 TOW est capable de percer le blindage des chars syriens de 500 millimètres à 4 km. Selon le site Debka, Assad devra désormais compter principalement sur l'armée de l'air pour conserver ses chars.

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