La Russie se détourne de la voie européenne

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Les Russes sont de plus en plus nombreux à voir la Russie comme un pays possédant une structure particulière, tandis que le nombre de partisans de la voie de développement occidentale se réduit significativement, écrit lundi le quotidien RBC Daily.

Les Russes sont de plus en plus nombreux à voir la Russie comme un pays possédant une structure particulière, tandis que le nombre de partisans de la voie de développement occidentale se réduit significativement, écrit lundi le quotidien RBC Daily.

Un concept de politique culturelle d'Etat peut être construit sur le fait que la Russie n'est pas l'Europe. Les mœurs changent sur fond d'aggravation des relations avec l'Occident et de la campagne criméenne.

Le nombre de Russes qui voient leur pays comme un Etat possédant une structure à part et sa propre voie de développement a augmenté de 33 à 38%, d'après un sondage réalisé fin mars par le centre de Levada. Le nombre de personnes qui considèrent la Russie comme un Etat conforme au modèle occidental avec une structure démocratique et une économie marchande a reculé de 33 à 28%. Presqu'un quart des Russes (24%, inchangé par rapport à 2013) souhaiteraient que la Russie soit un Etat socialiste à l'instar de l'URSS.

Seulement un Russe sur cinq (21%) pense que l'évolution historique de la Russe suit aujourd'hui la voie de la civilisation européenne commune au monde contemporain, contre 31% il y a un an. Les autres souhaiteraient revenir sur la voie suivie par l'Union soviétique (22%, comme en mars 2013) ou suivre une voie propre et particulière (46%, contre 37% en mars 2013).

Les personnes interrogées sous-entendent par "voie particulière" un développement économique du pays qui assurerait une "grande prise en charge de la population" plutôt que "les profits et les intérêts des puissants". De plus en plus de Russes pensent que cette voie particulière consiste dans une discordance des valeurs et des traditions entre la Russie et l'Occident (23% contre 18% en janvier 2012).

Les hésitations concernant la structure de la Russie, bien que leur importance ne soit pas à surestimer, reflètent la montée d'un état d'esprit antioccidental et antiaméricain suite aux événements en Ukraine, explique le directeur adjoint du centre Levada Alexeï Grajdankine. Il faut prendre en compte le fait que les groupes d'un âge plus avancé préfèrent l'aspiration au socialisme ou une structure particulière, tandis que les personnes plus jeunes choisissent plus souvent la voie de développement prooccidentale.

Cet état d'esprit des Russes fait écho aux thèses des auteurs du projet des Principes de la politique culturelle d'Etat, où l'on peut lire que "la Russie n'est pas l'Europe". Son élaboration a été ordonnée en novembre 2013 par le président Vladimir Poutine.

La thèse que la Russie n'est pas l'Europe n'est pas nouvelle, la thèse de la "démocratie souveraine" était déjà populaire quelques années en arrière, rappelle Alexeï Grajdankine. Selon lui, l'idée que la Russie pourrait parfaitement vivre sans l'Europe est présente dans la conscience sociale depuis au moins 150 ans et refait généralement surface sur fond de détérioration des relations avec l'Occident.

Igor Bounine, directeur du Centre des technologies politiques, considère les résultats du sondage comme "un effet de la Crimée" caractérisé. "L'opinion des Russes est instable et change facilement en fonction de la conjoncture. Un événement tel que le rattachement de la Crimée a forcément eu un impact sur la vision de la voie de développement à suivre par le pays", déclare le politologue.

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