Les membres français, italiens, autrichiens et allemands de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) sont prêts à proposer à l'APCE de renoncer aux mesures radicales contre la Russie, alors que certains membres suggéraient d'exclure Moscou de cette organisation, écrit vendredi le quotidien Izvestia.
Ces politiciens européens ont entamé un dialogue avec la délégation russe qui participera à la session de l'APCE à Strasbourg du 7 au 11 avril.
"Nous avons discuté de la conduite à adopter dans telle ou telle situation. Mais dès à présent on peut dire que la situation à l'APCE a commencé à changer au profit de la Russie. Les partenaires français, italiens, autrichiens et allemands comptent proposer de s'abstenir des mesures radicales contre la Russie", a déclaré Vassili Likhatchev, ambassadeur et membre de la délégation russe à l'APCE. Selon lui, d'autres pays pourraient les rejoindre, et pour cette raison le vote des résolutions sur la Russie se tiendra seulement le 10 avril.
"Nous aurons donc encore trois jours de travail actif au sein des comités de l'APCE pour exposer la position de la Russie vis-à-vis de la Crimée et de Sébastopol, et justifier la légitimité du référendum. J'ai l'intention d'effectuer personnellement ce travail dans le Groupe de la Gauche unitaire européenne, où les avis sont partagés aujourd'hui", a déclaré Vassili Likhatchev.
D'après lui, l'élite politique européenne commence à voir le coup d'Etat et les crimes en Ukraine sous un autre angle. De plus, elle ne souhaite pas perdre le dialogue avec la Russie.
"Connaissant bien la politique internationale, je pense que nous devons absolument y aller. Aucun dialogue ne sera possible à ces tribunes sans la Russie. Nous devons défendre notre position et l'expliquer à nos partenaires. Cette position a été approuvée par tous les membres de délégation, et avant cela au Conseil de sécurité", a déclaré Alexandre Romanovitch, vice-président de la commission des Affaires étrangères à la Douma (chambre basse du parlement).
Selon lui, la délégation russe soumettra au vote ses projets de résolutions, où elle s'efforcera de réagir aux actions entreprises, par exemple, à l'égard des députés russes.
Le Royaume-Uni, la Pologne et l'Ukraine adoptent la position la plus dure envers la Russie à l'APCE. Certains députés russes ont déclaré hier que la Russie n'avait pas besoin de l'APCE. "Il ne faut pas s'accrocher à l'APCE, c'est un terrarium de russophobes. Elle disparaîtra d'elle-même sans notre argent (la Russie accorde chaque année 22 millions d'euros à l'APCE) et sans ordre du jour", a déclaré hier Mikhaïl Degtiarev, vice-président de la commission de la Science à la Douma.
"L'APCE est complètement obsolète. Elle a été créée pour unir l'Europe après la Seconde Guerre mondiale, or elle n'a jamais pu prendre de décisions contraignantes, ses délibérations sont uniquement à titre de recommandation. Puis s'est formée l'Union européenne avec son propre parlement capable de prendre des décisions contraignantes. Par conséquent, l'APCE est inutile aujourd'hui, elle double simplement les fonctions du Parlement européen", déclare Mikhaïl Emelianov, premier directeur adjoint de la fraction de Russie juste.
Dans le même temps, la chambre basse a adopté mardi dernier à l'unanimité un message adressé à l'APCE appelant à ne pas céder à la pression extérieure et à ne pas rompre les relations avec la Russie. Au lieu d'une confrontation et d'un conflit, les députés russes ont proposé à leurs homologues européens de s'opposer ensemble au nationalisme radical et aux "tentatives de dresser les peuples d'Europe les uns contre les autres et de réanimer les phobies de la Guerre froide".
