Les Parisiens ont jeté leur dévolu sur un maire original. Jamais une femme n'avait occupé ce poste, qui plus est d'origine étrangère. Les yeux des Français sont aujourd'hui rivés sur Anne Hidalgo, qui a réussi à défendre les positions de la gauche à Paris – une des rares villes de France où le PS n'a pas essuyé une défaite aux municipales, écrit mardi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
La course pour le fauteuil de maire de la capitale a opposé deux dames. Les Parisiens ont suivi avec intérêt l'"affrontement de la blonde et de la brune". La candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, 41 ans, était en tête au premier tour. Cependant, la descendante lointaine du révolutionnaire polonais Tadeusz Kosciuszko a été devancée de pratiquement 10% des suffrages par la petite-fille d'un communiste espagnol, Anne Hidalgo, 54 ans.
Mme Hidalgo prendra ses fonctions le 5 avril, après l'approbation de sa candidature par le Conseil municipal. "Je suis la première femme maire de Paris. Et j'ai conscience du défi que cela représente. Je serai la maire de tous les Parisiens, hommes et femmes, sans exception", s'est-elle empressée de déclarer pour rassurer les citadins qui auraient des a priori sur son élection. Madame Hidalgo, dont le nom souligne ses origines espagnoles, se décrit elle-même de la manière suivante : "Être Parisien, ce n'est pas naître à Paris, c'est y renaître".
Elle a obtenu la nationalité française à l'âge de 14 ans. A la même époque, elle change son prénom de naissance Ana pour Anne. La future maire de Paris est née en Andalousie en 1959. Ses parents ont immigré d'Espagne en France à la recherche d'une vie meilleure lorsqu'elle avait deux ans. La famille s'est installée près de Lyon.
Anne Hidalgo est diplômée en droit social, elle a travaillé en tant qu'inspectrice du travail pendant une dizaine d'années, puis comme conseillère au gouvernement, où elle a acquis une expérience de travail au sein de délégations internationales. En 1994, Hidalgo rejoint le PS. Son éducation catholique traditionnelle ne lui a pas empêché de se laisser séduire par les idées de gauche. Ce choix était prédéterminé par son histoire familiale. Son grand-père du côté paternel était un communiste ayant fui en France pour échapper aux persécutions du régime franquiste après la guerre civile espagnole. Elle a souvent entendu l'histoire de son grand-père qui a traversé les Pyrénées sur un âne avec sa femme et leurs quatre enfants. Toutefois, il a décidé de revenir en Espagne. Sa femme n'a pas survécu à ce périple éprouvant. Le père de famille a été condamné en Espagne à la peine capitale, mais il a finalement été emprisonné. Par suite, Anne Hidalgo a littéralement dans le sang ce dualisme entre l'Espagne et la France.
D'ailleurs, Mme Hidalgo a été promue en Espagne commandeur de l'ordre d'Isabelle la Catholique en 2010. L'ambassadeur d'Espagne en France avait noté à l'époque qu'Anne Hidalgo "incarnait l'exemple d'une intégration réussie des immigrants espagnols à la société française".
Femme charismatique et au tempérament marqué, Anne Hidalgo est connue à Paris depuis longtemps. Ces quinze dernières années elle a été adjointe au maire socialiste Bertrand Delanoë. Les citadins se souviennent de sa lutte déterminée contre les sectes.
Anne Hidalgo est aujourd'hui mariée en seconde noces à un collègue du parti. Le couple a eu un fils, Arthur, né en 2002. Anne Hidalgo est mère de trois enfants.
